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L’État haïtien semble observer en silence face aux atrocités qui défigurent son peuple, un mutisme de plus en plus lourd de sens. L’inaction du ministère à la Condition féminine et de la Primature face à la violence rampante traduisent un mépris inquiétant pour la vie et la dignité des Haïtiens. Chaque massacre, chaque assassinat impuni renforce l’impression d’un État absent, inerte, voire complice, dans une situation où la souffrance et la mort sont devenues des compagnons quotidiens.
Les récents massacres qui ont endeuillé Haïti n’ont pas trouvé de réponse satisfaisante. Mais un événement tragique s’est ajouté à la longue liste de l’indifférence : celui du drame d’Eliana Thélémaque. Cette jeune mère, dévastée par l’horreur, a été témoin d’un acte d’une cruauté inouïe. Son bébé, âgé de trois mois, lui a été arraché et jeté dans les flammes par des criminels sans âme. Elle, écrasée par le choc et la douleur, s’est effondrée au commissariat de Pétion-Ville, emportée par la violence du drame. La question qui se pose alors : pourquoi ce silence officiel ? Pourquoi aucune enquête, aucune compassion, aucune action concrète pour ramener l’ordre et la sécurité dans ce pays en proie à la terreur ?
Un tel crime aurait dû déclencher une réponse immédiate, une mobilisation des autorités pour rassurer la population et restaurer l’espoir. Mais la réalité est tout autre. Le mutisme prolongé des autorités ne traduit pas seulement une négligence, mais une abdication complète de leur rôle de protection envers les citoyens. Le pays semble abandonné à son sort, livré aux griffes de la barbarie, pendant que ceux censés la protéger détournent le regard.
Dans une indifférence totale du drame d’Éliana Thélémaque, la Ministre à la condition féminine rencontre les autorités des Cayes
Dans un contexte aussi sombre, des efforts ponctuels tentent de poser des bases pour un changement. Le 16 février 2025, une réunion importante a eu lieu à la ville des Cayes entre la Ministre à la Condition féminine et aux Droits des Femmes, Pédrica SAINT JEAN, et les autorités locales. Cette rencontre, bien que nécessaire, semble presque dérisoire au regard de la gravité des atrocités auxquelles la population est confrontée au quotidien. Néanmoins, des propositions concrètes ont émergé, telles que le renforcement des capacités de la Direction départementale du MCFDF et la prise en charge des violences faites aux femmes et aux filles. Le ministre a insisté sur l’importance d’une meilleure synergie entre les différentes structures étatiques dans le département du Sud pour répondre plus efficacement à ces violences.
Pourtant, même face à ces efforts louables, le fossé entre la réalité du terrain et l’action des autorités demeure abyssal. La mise en place d’une cellule genre par le Commissaire du gouvernement des Cayes, Pierre Eliot PAUL, et la promesse du Commissaire Divisionnaire, Daniel COMPÈRE, de renforcer les collaborations avec le MCFDF pour lutter contre les violences restent des mesures isolées, loin d’être suffisantes face à la dimension systémique du problème. La Mairesse des Cayes, Daphnée Claire FRANCE, a d’ailleurs souligné qu’il est impératif pour toutes les institutions de l’État de se mobiliser de concert avec le MCFDF pour endiguer ce fléau.
Si la réunion des Cayes constitue un pas dans la bonne direction, elle ne doit pas occulter le fait que l’inaction gouvernementale dans son ensemble continue d’installer un climat d’impunité. Haïti reste à la croisée des chemins : l’État parviendra-t-il à répondre aux souffrances de sa population ou son silence prolongé marquera-t-il son renoncement définitif à assurer la sécurité et la dignité de ses citoyens ? L’histoire, sans aucun doute, en jugera.
Mozard Lombard,