60ᵉ anniversaire de l’Aéroport International François Duvalier : Michèle B. Duvalier réclame le retour à son nom d’origine

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Port-au-Prince, 22 janvier – Alors qu’Haïti célèbre le 60ᵉ anniversaire de l’inauguration de l’aéroport international construit sous la présidence de François Duvalier, Michèle B. Duvalier, figure emblématique de l’ancien régime, appelle à la restitution de son nom d’origine : Aéroport François Duvalier.

Dans une déclaration partagée sur les réseaux sociaux, Mme Duvalier a dénoncé ce qu’elle qualifie de « volonté cynique » d’effacer l’héritage des présidents François et Jean-Claude Duvalier. « Il est essentiel de rendre à César ce qui est à César », a-t-elle affirmé, critiquant une tentative qu’elle perçoit comme un effort délibéré d’imposer une « vision tronquée de l’histoire » aux générations actuelles.

« L’histoire parle d’elle-même : la majorité des infrastructures les plus importantes du pays ont été réalisées sous les Duvalier. Que font les autres dirigeants depuis 1986 ? Ne sont-ils pas simplement des jouisseurs égoïstes et sans vision ? », s’interrogent certains, en écho à un sentiment partagé par de nombreux citoyens frustrés par la stagnation apparente du pays en matière d’infrastructures depuis la chute du régime Duvalier.

L’enjeu d’une mémoire disputée

L’intervention de Mme Duvalier survient dans un contexte où la mémoire des régimes de François et Jean-Claude Duvalier reste vivement débattue. D’un côté, leurs partisans mettent en avant des réalisations significatives : construction d’écoles, d’hôpitaux, de routes et d’infrastructures stratégiques comme cet aéroport. De l’autre, leurs détracteurs rappellent les violations des droits humains, la répression politique et les accusations de corruption qui ont marqué leurs mandats.

« Renommer l’aéroport François Duvalier serait un acte de justice », plaide Mme Duvalier. Selon elle, ce geste ne serait pas qu’un retour au passé, mais une reconnaissance des contributions des deux présidents à l’histoire contemporaine d’Haïti.

Une question de cohérence et de justice historique

Pourquoi l’ancien président Aristide a-t-il changé le nom de l’aéroport construit par François Duvalier ? Ce geste soulève des interrogations, surtout lorsqu’on considère que ce même président, au lieu de construire une université publique pour l’État, a choisi d’utiliser les ressources publiques pour ériger une université à son nom personnel.

Cela soulève une question légitime : si un futur président décidait, après sa mort, de rebaptiser l’Université Aristide pour la faire appartenir à l’État haïtien, cela serait-il justifié, étant donné qu’elle a été construite avec l’argent de l’État ?

Ce contraste met en lumière les ambiguïtés et les incohérences dans la gestion du patrimoine national et l’utilisation des fonds publics. L’héritage collectif devrait-il être sacrifié au profit d’ambitions personnelles ou de luttes symboliques ? Une réflexion profonde s’impose sur la nécessité de garantir une gestion transparente et équitable des biens et des institutions financés par l’État, au bénéfice de la nation entière.

Symboles et fractures sociales

Le débat autour du nom de l’aéroport dépasse largement une simple question de nomenclature. Il met en lumière des fractures sociales profondes sur l’interprétation de l’histoire haïtienne. Pour les partisans du changement de nom en 2003, l’adoption de celui de Toussaint Louverture visait à inscrire l’aéroport dans une tradition de lutte pour l’indépendance et la dignité. Pour les sympathisants des Duvalier, ce changement est perçu comme un acte de mépris, une volonté d’effacer l’héritage d’un régime qu’ils considèrent comme ayant restauré la dignité et le prestige d’Haïti sur la scène internationale.

Un retour au nom d’origine : un défi improbable

Dans le contexte actuel, marqué par une crise sécuritaire, économique et politique sans précédent, le retour au nom « Aéroport François Duvalier » semble peu probable. D’autant plus que neuf conseillers présidentiels se déchirent pour se partager les ressources de l’État à travers chaque poste, tandis que trois d’entre eux sont inculpés pour corruption. Pendant ce temps, les priorités nationales devraient désormais s’orienter vers des réponses aux défis immédiats : insécurité, instabilité institutionnelle et pauvreté grandissante.

Cependant, l’appel de Michèle B. Duvalier met en lumière un enjeu fondamental : la lutte pour le contrôle de la mémoire collective. Dans une Haïti déchirée entre son passé et un avenir incertain, ce débat illustre à quel point il est crucial de réconcilier une histoire controversée avec l’espoir de progrès durable.

Respecter les dirigeants bâtisseurs et visionnaires, tout en dénonçant ceux que l’on considère comme des jouisseurs égoïstes et sans vision, reste une condition essentielle pour construire un récit national crédible et fédérateur.

Rédaction : Zantray News

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