Une déclaration récente de l’économiste Énomy Germain a mis en lumière une mesure gouvernementale qui suscite des interrogations croissantes : l’octroi possible de jusqu’à 11 millions de dollars américains à la compagnie aérienne Sunrise pour encourager la reprise des vols internes en Haïti.
Dans un message publié sur son compte officiel, Germain dénonce ce soutien financier comme une « subvention à un monopole », qu’il considère non seulement inefficace, mais également inéquitable.
« Subventionner un monopole, c’est faire payer la population deux fois : une fois à travers des prix élevés et souvent injustifiés, et une deuxième fois par ses taxes. »
Selon l’économiste, cette mesure ne résout ni l’insécurité qui affecte la mobilité intérieure, ni la précarité dans laquelle se trouvent de nombreux Haïtiens. Au contraire, elle renforce la position dominante d’un seul opérateur au détriment de la concurrence et des consommateurs.
Germain va plus loin, évoquant un risque clair d’aléa moral. D’après lui, Sunrise pourrait être tentée de prolonger l’état actuel d’instabilité, condition favorable à la pérennité des subventions, sans chercher à réduire ses coûts ou à améliorer ses services. Il qualifie cette dynamique de « rationnelle, mais non éthique » :
« Plis gen ENSEKIRITE, se plis yap jwenn LAJAN. »
Enfin, l’économiste n’hésite pas à critiquer l’implication du pouvoir en place, estimant que cette décision reflète une mainmise du secteur privé à la Primature comme au Conseil présidentiel de transition (CPT).
Une position qui alimente le débat national sur la gestion des ressources publiques et le rôle des entreprises dans la reconstruction d’un secteur aérien vital, mais fragile.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com
