La rencontre du 2 décembre 2025 entre le Ministre des Affaires étrangères, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, et José Egas, Représentant régional du HCR, aurait pu être l’occasion pour le chef de la diplomatie haïtienne d’affirmer une vision forte et une stratégie claire face aux défis humanitaires urgents du pays. Au lieu de cela, elle met surtout en lumière l’extrême faiblesse de son action et la pauvreté inquiétante de ses orientations.
Alors que M. Egas est venu réaffirmer l’engagement du HCR à soutenir les opérations sur le terrain et à mettre à jour son plan de contingence, le Ministre Jean-Baptiste s’est contenté d’un discours convenu sur les « efforts gouvernementaux » pour distribuer des documents d’identité et s’attaquer aux causes de la migration interne, notamment l’insécurité. Une déclaration si vague qu’elle semble davantage destinée à meubler la discussion qu’à refléter une véritable politique.
Face aux enjeux soulevés par M. Egas — protection des populations déplacées, lutte contre l’apatridie, nécessité de maintenir une présence humanitaire solide — le Ministre est resté cantonné dans une posture défensive, sans offrir la moindre indication concrète sur les actions de l’État ni sur leur efficacité. On peine à discerner la moindre ambition, la moindre initiative structurante ou la moindre prise de responsabilité dans ses propos.
Pendant que le Représentant du HCR insiste sur l’importance vitale de garantir la sécurité et les droits des personnes déplacées, le Ministre semble s’abriter derrière des formulations bureaucratiques, comme s’il suffisait d’évoquer des « efforts en cours » pour répondre à une crise qui exige des décisions claires, rapides et courageuses. L’écart est flagrant entre l’urgence décrite par l’institution internationale et la platitude de la réponse gouvernementale.
Même les remerciements chaleureux adressés par M. Egas au Ministre — simple politesse diplomatique — contrastent avec la pauvreté des engagements exprimés par ce dernier. Alors que le HCR couvre 22 pays de la région et fait face à d’immenses défis, Jean-Baptiste n’a pas su saisir cette occasion pour affirmer un leadership solide ou proposer une orientation sérieuse.
En somme, cette rencontre révèle un Ministre plus préoccupé par le maintien des apparences que par la mise en œuvre d’actions concrètes. À l’heure où Haïti affronte des défis majeurs touchant directement ses citoyens les plus vulnérables, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste semble se contenter de déclarations creuses qui laissent une impression de distance, d’impuissance et d’inertie.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com