Le communiqué publié par la Primature à l’occasion de la rencontre entre le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et le Secrétaire général de l’OEA, Albert R. Ramdin, se veut solennel et rassurant. Pourtant, à bien le lire, il s’apparente surtout à un exercice de mise en scène, où les formules grandiloquentes remplacent toute information concrète permettant d’évaluer la réalité des « progrès » vantés.
Le texte insiste d’emblée sur une « mobilisation accrue de l’État » pour restaurer la sécurité, assainir les institutions et préparer les élections. Mais ces affirmations restent purement déclaratives : aucune donnée, aucun exemple, aucune précision ne vient étayer ce tableau optimiste d’un pays en voie de redressement. Le Gouvernement se contente d’affirmer que la situation s’améliore, sans offrir le moindre élément permettant d’en juger.
Le Premier ministre aurait présenté des « avancées significatives » contre l’insécurité, évoquant un renforcement des forces nationales et une « montée en puissance » des dispositifs anti-gangs. Là encore, le communiqué ne révèle rien sur l’efficacité de ces mesures, ni sur leur impact réel, tandis que la demande d’appui extérieur — en l’occurrence le soutien des États membres de l’OEA pour renforcer la Force de Répression des Gangs — trahit plutôt l’incapacité persistante de l’État à faire face seul à la menace.
La publication du Décret électoral est décrite comme une « avancée déterminante » vers l’organisation des scrutins. Le Secrétaire général de l’OEA, selon le communiqué, va jusqu’à qualifier cette adoption de décision « importante, concrète et décisive ». Là encore, la répétition de superlatifs ne suffit pas à masquer un manque flagrant de détails sur la manière dont ces scrutins pourraient effectivement être organisés dans un climat que le texte continue de reconnaître comme profondément marqué par la violence armée.
Le volet humanitaire, présenté par le Premier ministre comme une autre priorité, se résume à une nouvelle demande d’aide : soutien pour des programmes de socialisation, de réinsertion et d’accompagnement communautaire. Pourtant, aucune action actuelle n’est mentionnée, seulement des intentions et des sollicitations, comme si le pays dépendait entièrement de l’assistance extérieure pour pallier la crise sociale.
Quant au Secrétaire général de l’OEA, le communiqué le montre multipliant félicitations et assurances de soutien. Mais celles-ci sont formulées dans des termes si généraux — « stabilité institutionnelle », « solidarité régionale », « principes démocratiques » — qu’elles ne semblent servir qu’à enrichir le vernis diplomatique d’une rencontre où chacun se contente de valider symboliquement les déclarations de l’autre.
En conclusion, l’échange entre le Premier ministre et l’OEA est présenté comme une « nouvelle étape » vers la stabilité et le retour à la démocratie. Or, si cette rencontre est effectivement une étape, l’opacité qui entoure les actions réelles du Gouvernement et l’insistance sur les seuls engagements verbaux la rendent bien plus symbolique qu’opérationnelle. Une vitrine diplomatique brillante, certes, mais derrière laquelle aucune avancée substantielle n’est perceptible à la lecture du communiqué.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com