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Un cocktail de déclarations creuses : Laurent Saint-Cyr s’enferme encore dans une autosatisfaction déconnectée du réel

La réception offerte en l’honneur du Secrétaire général de l’OEA, Albert Ramdin, ce 2 décembre 2025, aurait pu être l’occasion pour Laurent Saint-Cyr, Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), de répondre aux interrogations brûlantes d’un pays exsangue. Au lieu de cela, le chef du CPT s’est une nouvelle fois réfugié derrière un discours emphatique, saturé de formules solennelles, mais dramatiquement vide de substance.

Saint-Cyr a multiplié les remerciements protocolaires, salué une prétendue “stabilité renouvelée” et vanté des engagements internationaux dont personne, sur le terrain, ne voit encore l’ombre du commencement. Sa prise de parole, enrobée d’une rhétorique quasi cérémonielle, laisse transparaître un profond décalage entre les propos affichés et la réalité haïtienne, marquée quotidiennement par l’insécurité, la fragilité institutionnelle et la méfiance généralisée.

Le Président du CPT s’est félicité du rôle de l’OEA dans la “finalisation de la feuille de route” et dans l’appui à la création de la Force de répression des gangs (FRG). Pourtant, il s’est bien gardé de dire comment ces outils, dont il souligne l’importance, peuvent réellement s’appliquer dans un pays où les citoyens peinent à percevoir la moindre amélioration concrète. La répétition mécanique de sa “pleine disponibilité à collaborer” ressemble davantage à un refrain diplomatique qu’à un engagement déterminé.

Saint-Cyr s’est ensuite appuyé sur l’adoption du décret électoral pour proclamer que le pays est désormais “en mode élections”. Cette annonce, lancée avec une assurance qui frôle l’autosatisfaction, apparaît singulièrement déconnectée pour une population qui, loin de se projeter vers les urnes, tente d’abord de survivre à des conditions de sécurité toujours plus précaires. Exiger que le peuple puisse voter “dans un environnement sûr, serein et à l’abri de toute intimidation” serait presque ironique si ce souhait n’était pas si tragiquement éloigné de la situation actuelle.

Même son appel au dialogue, à l’unité, et son ambition affichée de faire d’Haïti une “terre d’espoir et de dignité” semblent relever de la formule rituelle, prononcée par un responsable qui, une fois encore, parle en hauteur sans jamais aborder les défis immédiats qu’il peine à maîtriser.

Pendant que le Secrétaire général Ramdin réaffirme l’engagement de l’OEA, et que le ministre des Affaires étrangères vante la finalisation de documents stratégiques, Laurent Saint-Cyr se contente d’enchaîner les applaudissements symboliques et les vœux pieux. Dans une cérémonie rassemblant ministres, diplomates, forces de sécurité et institutions électorales, il était permis d’attendre une prise de position forte, lucide, ancrée dans les urgences du pays. On aura eu droit à un cocktail — dans tous les sens du terme — de généralités, de flatteries et de déclarations sans relief.

L’événement révèle une fois de plus le style Saint-Cyr : beaucoup de mots, beaucoup de protocole, très peu de leadership tangible. Et pendant que les discours se succèdent, Haïti attend toujours des décisions courageuses, cohérentes et surtout visibles. Ici, elles n’auront malheureusement pas été au rendez-vous.

Mozard Lombard,

mozardolombardo@gmail.com

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