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Ce jeudi 3 avril 2025 marque le premier anniversaire de l’Accord du 3 avril, texte fondateur du Conseil présidentiel de transition (CPT). Un an après, de nombreux observateurs s’accordent à dire que les engagements pris n’ont pas été respectés. La transition est perçue comme un échec.
Dans ce contexte, le parti Métronome — porté par Corvington Jean, connu sur les réseaux sous le pseudonyme @corvepaysan — s’en prend à certains signataires de l’accord, accusés de vouloir se déresponsabiliser en appelant à la mobilisation populaire contre un pouvoir qu’ils ont pourtant contribué à installer. Cette position ambivalente soulève une question centrale : Métronome dénonce-t-il l’échec du CPT ou cherche-t-il à préserver ses propres intérêts ?
Métronome : critiqueur du système… dont il bénéficie
Alors qu’il critique aujourd’hui la transition, Métronome reste l’un de ses principaux bénéficiaires, notamment par le contrôle d’une Direction Générale stratégique : celle du Fonds National de l’Éducation (FNE). Ce fait place le parti dans une posture paradoxale. Il n’a jamais signé l’Accord du 3 avril, mais en tire des avantages substantiels.
Derrière ses discours publics, Métronome adopte une stratégie bien rôdée : entretenir une posture de critique dissidente, tout en conservant un ancrage institutionnel qui garantit ses privilèges. Cette double posture — dénonciation d’un système qu’on alimente — interroge sur les véritables motivations du parti.
Des observateurs vont plus loin et accusent Métronome de saboter la mobilisation populaire contre le CPT pour préserver sa position au sein du FNE, en semant la discorde et en manipulant l’opinion. Le parti, selon eux, cherche moins à renverser le système qu’à le garder sous contrôle.
Une stratégie de diversion politique
La ligne de Métronome semble dictée par un seul objectif : protéger son camp et éviter toute remise en cause du statu quo qui pourrait menacer ses positions. Cette attitude transparaît dans la défense d’acteurs politiques liés à son réseau d’influence, malgré les critiques croissantes contre leur gestion.
Un acteur de l’opposition résume cette posture en ironisant :
« Métronome croit qu’une campagne de tweets suffira à sauver le soldat Rian. Mais non : le peuple a tranché. »
Cette phrase illustre l’écart entre l’engagement populaire réel et les stratégies numériques et médiatiques déployées pour brouiller le message d’un mouvement en quête de changement.
Une obsession : attaquer EDE
Autre élément révélateur : l’hostilité constante de Métronome envers le parti EDE, pourtant très actif dans la mobilisation citoyenne. La virulence de Corvington Jean à l’encontre de ce parti, selon certains, relève moins d’un désaccord politique que d’une rivalité personnelle et stratégique.
Alors qu’EDE apparaît comme une alternative crédible et mobilisatrice, engagée pour une refonte systémique, Métronome semble voir en lui une menace directe pour son pouvoir d’influence. Cela expliquerait des attaques répétées et ciblées sur les réseaux sociaux.
Cette rivalité, teintée de jalousie politique, détourne l’attention des véritables enjeux : la sortie de la transition, la refondation des institutions et la mise en place d’une gouvernance plus transparente.
Haïti attend un changement de fond, pas des calculs d’appareil
Aujourd’hui, le peuple haïtien rejette les luttes partisanes qui entretiennent le chaos. Ce qu’il exige, c’est une rupture claire avec les privilèges, les arrangements politiques opaques et les nominations de complaisance.
Selon le World Governance Indicators de la Banque mondiale, les transitions réussies reposent sur la transparence et l’inclusivité. À l’inverse, les systèmes fermés ou dominés par des intérêts partisans mènent à des échecs chroniques.
L’attitude de Métronome, en défendant ses avantages tout en critiquant les dérives du pouvoir, entrave cette dynamique de transparence. De plus, comme le démontre une étude de l’Université d’Oxford, les partis politiques qui refusent les réformes structurelles après une crise contribuent à l’enlisement des transitions.
Quelles responsabilités pour Métronome ?
Pour regagner sa crédibilité, Métronome devrait :
Rompre clairement avec le système de transition, au lieu d’en tirer profit tout en le dénonçant.
Cesser de confondre les signataires de l’Accord avec les acteurs de sa mauvaise exécution, pour ne pas détourner le débat.
S’engager en faveur d’une refonte complète du système, au lieu de se livrer à des règlements de compte politiques.
Autrement dit, Métronome doit comprendre que son contrôle sur le FNE est provisoire et qu’il aura des comptes à rendre. L’histoire nous apprend que ceux qui jouent à la politique de la manipulation finissent toujours par être rattrapés.
« La jalousie rend Corvington Jean méchant, mais elle rend aussi Métronome ridicule et sans éthique. »
Dr. Dumas Jean, Université catholique de Louvain