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Trois jours de deuil, trois mois d’urgence : un gouvernement en retard sur la tragédie

Alors que le pays panse encore les plaies laissées par le passage de l’ouragan Melissa, qui a coûté la vie à plus d’une vingtaine de personnes, le gouvernement de transition se contente, une fois de plus, de gestes symboliques et de formules convenues. Dans un communiqué diffusé tard vendredi soir, le Bureau de Communication du Premier Ministre a annoncé trois jours de deuil national et la proclamation d’un état d’urgence sur six départements.

Une séance du Conseil des Ministres — tenue, ironie du sort, « par visioconférence » — a entériné ces décisions sous la présidence du Conseiller-Président Leslie Voltaire, mandaté par le Président du Conseil Présidentiel de Transition, Laurent Saint-Cyr, en compagnie du Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé. Le ton du communiqué est administratif, presque froid, face à un drame humain que le pouvoir semble observer à distance.

Le gouvernement déclare donc que les 3, 4 et 5 novembre seront des jours de deuil national : drapeaux en berne, discothèques fermées, musique « de circonstance » sur les ondes. Comme si la douleur du pays avait besoin d’un calendrier officiel pour exister. Mais au-delà de ces gestes protocolaires, aucune mention concrète n’est faite d’un plan d’aide immédiate aux sinistrés, d’un budget d’urgence, ou même d’une évaluation des dégâts.

Le même communiqué proclame un état d’urgence pour trois mois sur les départements du Sud, du Sud-Est, de la Grand-Anse, des Nippes, de l’Ouest et du Nord-Ouest. Une mesure certes nécessaire, mais annoncée avec la même platitude bureaucratique qu’un changement d’horaire administratif. Rien sur les mécanismes de mise en œuvre, rien sur la coordination de l’aide humanitaire, rien sur la transparence dans la gestion des fonds.

Pendant que les autorités s’échangent des mandats et tiennent des réunions virtuelles, les populations sinistrées dorment à la belle étoile, les routes restent coupées, et les secours, eux, tardent à arriver. Le Conseil Présidentiel de Transition et le Gouvernement affirment dans la conclusion du texte « conjuguer leurs efforts afin d’améliorer les conditions de vie de la population et de restaurer la dignité nationale ». Une phrase creuse de plus dans un océan de promesses non tenues.

Les drapeaux seront en berne, certes. Mais pour les victimes de Melissa, et pour un peuple fatigué de l’indifférence du pouvoir, c’est tout un pays qui semble déjà en deuil — celui de la responsabilité et du courage politique.

Mozard Lombard,

mozardolombardo@gmail.com

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