Tandis que la tempête tropicale Melissa balaie une nouvelle fois le pays déjà exsangue, les autorités multiplient réunions et communiqués, mais les dégâts et les morts s’accumulent.
Selon le rapport de situation #2, deux personnes ont péri et une autre a été blessée ce jeudi à Fontamara, dans la commune de Port-au-Prince, à la suite d’un glissement de terrain. Ces nouvelles victimes portent à trois le nombre de morts enregistrés en moins de 48 heures — un triste rappel de la vulnérabilité persistante des quartiers populaires face à des risques pourtant connus.
Dans le Nord-Est, la rivière Saint-Martin en crue a détruit un pont à Sainte-Suzanne, isolant plusieurs zones. Plus à l’ouest, à Port-de-Paix, des maisons ont été détruites ou gravement endommagées. Ces scènes de désolation, qui se répètent à chaque épisode pluvieux, mettent cruellement en lumière l’absence de politiques de prévention et d’aménagement du territoire.
Pourtant, au sommet de l’État, l’heure semble encore à la gestion bureaucratique de crise. Le ministre de l’Intérieur et le directeur général de la Protection civile ont réuni jeudi les présidents des associations des maires des dix départements. Officiellement, il s’agissait de “mieux se préparer” et “d’accompagner la population”. En réalité, cette énième rencontre d’urgence illustre la réactivité de façade d’un appareil étatique incapable d’anticiper les catastrophes récurrentes.
Pendant que les autorités “activent” des centres d’opérations d’urgence (COU) et “étendent” leur dispositif d’assistance, des milliers de citoyens restent livrés à eux-mêmes, sans abri ni soutien concret. Les alertes orange émises par l’Unité hydrométéorologique (UHM) et la Protection civile — couvrant les départements du Sud-Est, du Sud, des Nippes, de la Grand’Anse et de l’Ouest — sonnent comme une incantation rituelle, tant l’État semble impuissant à traduire ces alertes en actions de terrain.
Une fois de plus, Haïti pleure ses morts, pendant que le gouvernement se félicite d’avoir tenu une réunion.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com