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Le protocole d’accord signé entre le gouvernement haïtien et la compagnie Sunrise, portant sur une lettre de crédit de 11 millions de dollars, n’a pas seulement relancé le débat sur les vols internes. Il a surtout mis en lumière les postures, les intérêts et les silences complices de certaines figures de l’élite économique haïtienne. Là où l’on attendait une analyse rigoureuse, c’est parfois un alignement flagrant qui saute aux yeux.
Le PDG de Sunrise sait parfaitement comment faire accepter une telle décision. Il se positionne en véritable big boss dans les médias traditionnels et par l’entremise des économistes les plus influents d’Haïti, façonnant ainsi un discours favorable à ses intérêts.
En dénonçant cette décision comme une politique de « Tèt Chat », l’économiste Enomy Germain a visé juste. Selon lui, l’État sacrifie les consommateurs au profit d’un opérateur déjà en position de monopole, sans aucune garantie de plafonnement tarifaire, ni mécanisme clair de régulation. Il alerte sur les risques d’un financement public accordé sans contrepartie ni souci d’inclusivité.
Même son de cloche du côté de Kesner Pharel qui, dans son émission Investir, critique l’opacité du processus, l’absence de cahier des charges et les risques évidents de déviation de l’intérêt public. Ces voix posent une question fondamentale : pour qui travaille réellement l’État ? Qui bénéficie de cette subvention ? Et surtout, au nom de quels intérêts ?
Mais là où l’on attendait nuance, rigueur et regard critique, Etzer Émile a surpris par son alignement sans réserve avec Sunrise. Dans ses interventions publiques, il s’est montré bien plus proche d’un ambassadeur de la compagnie que d’un analyste indépendant. En s’appuyant exclusivement sur les données communiquées par Sunrise, sans les recouper ni les interroger, il a donné l’image d’un expert en mission — non pas pour nourrir le débat, mais pour justifier une décision déjà actée.
Ce positionnement soulève des questions. Est-ce la défense sincère d’un modèle économique ou une posture dictée par des intérêts moins transparents ?
Etzer Émile défend-il ses convictions… ou les intérêts d’un client ?
À ce niveau de proximité, le flou devient éthique. Lorsqu’un économiste aussi influent adopte sans distance critique la communication d’une entreprise financée par des fonds publics, il ne s’agit plus d’expertise, mais de plaidoyer déguisé.
Dans un pays aussi vulnérable qu’Haïti, où chaque dollar public devrait être scrupuleusement justifié, les analyses économiques doivent rester libres, courageuses et ancrées dans l’intérêt général. La population n’a pas besoin de porte-voix masqués, mais de sentinelles intellectuelles.
Rédaction: Zantray News