Stéphane Vincent du parti En Avant rattrapé par l’ULCC pour détournement et vol de millions

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Port-au-Prince, mai 2025 – Une tempête s’abat sur la Direction de l’Immigration et de l’Émigration (DIE) après la publication explosive du rapport de la Commission d’enquête de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Au cœur de ce scandale d’État : Stéphane Vincent, ex-directeur de l’institution, identifié comme l’architecte d’un vaste système de détournement de fonds publics.

Selon les conclusions du rapport, des dizaines de millions de gourdes ont échappé au contrôle budgétaire de l’État, dilapidées dans l’opacité la plus totale à travers plusieurs centres administratifs sous la tutelle directe de Vincent. Les centres de Delmas, Tabarre, Pétion-Ville et même le siège central à Lalue sont cités pour irrégularités comptables, dépenses injustifiées et fraudes caractérisées.

À Delmas, 300 000 gourdes ont disparu sans la moindre pièce justificative. À la rue Lamarre, Jean René Laguerre a déclaré avoir reçu 475 000 gourdes pour des policiers détachés, pourtant déjà couverts par le budget national. Seuls 110 000 gourdes ont pu être retracés — 365 000 gourdes demeurent introuvables.

À Tabarre, Jude Marcelin, responsable du centre, a reconnu avoir encaissé plus de 2 millions de gourdes entre janvier et avril 2023 pour gratifier 11 policiers. Aucune feuille de paie n’a pu être produite. Plus grave encore, 240 000 gourdes de “gratifications” mensuelles ont été versées sans la signature requise de la direction administrative. Des paiements pour travaux de ferronnerie (450 000 gourdes) et des distributions en juillet 2023 (195 000 gourdes) restent eux aussi sans justificatif.

Le centre de Pétion-Ville n’est pas en reste : 1 580 000 gourdes de dépenses sans aucune trace comptable y ont été relevées. Mais c’est à Lalue, siège central de la DIE, que le gaspillage devient vertigineux : plus de 4,5 millions de gourdes en dépenses non facturées, et 931 900 gourdes de dédouanement sans bordereau officiel. Le tout, sans compter les sommes extorquées en liquide, hors de tout circuit bancaire.

Le point culminant du rapport concerne une fraude structurée sur les passeports entre septembre et novembre 2024. Sur 736 dossiers analysés, 556 ont été traités avec des timbres non acquittés, causant une perte estimée à 3 656 000 gourdes. Le tout orchestré via un compte fictif au nom de Fernando Victor, utilisé dans les centres de SONAPI et Pétion-Ville.

L’ULCC pointe Stéphane Vincent comme le cerveau de cette opération frauduleuse, épaulé par Lesly Saint Juste, responsable du CRLDI de SONAPI, Marriantha Merone et Rubens Pauleon, anciens responsables du CRIDI de Pétion-Ville. Ensemble, ils auraient systématiquement contourné les mécanismes de perception fiscale.

Ce qui scandalise davantage, c’est que Vincent, longtemps présenté comme un intellectuel brillant et un espoir politique, était proche de l’ex-député Jerry Tardieu, chef du parti En Avant. Ironie tragique : c’est En Avant qu’il a conduit la morale publique… droit dans le mur. Plutôt que de faire progresser son parti, Stéphane Vincent s’est enfoncé dans les pratiques les plus abjectes de la corruption, trahissant ses engagements et toute prétention à l’éthique.

Face à cette débâcle, l’ULCC appelle à la mise en mouvement de l’action publique contre lui pour abus de fonction, complicité de détournement de fonds publics et manquement grave à la transparence.

Mais le scandale ne s’arrête pas à l’ancien directeur. Des sources internes affirment que l’actuel directeur, Antoine Jean Simon Fénelon, reçoit chaque lundi des sommes en espèces, sans aucun dispositif officiel de comptabilité. Pourquoi de l’argent liquide ? Pourquoi aucun compte bancaire dédié à la gestion financière de la DIE ? Ces pratiques soulèvent de sérieuses suspicions de continuité de la corruption, et l’ULCC est appelée à élargir immédiatement son enquête.

Ce dossier ne révèle pas seulement une série de malversations : il expose une culture enracinée de l’impunité et du vol organisé, menaçant jusqu’aux fondements mêmes de l’administration publique haïtienne. Le moment est venu de briser ce cycle.

Rédaction: Zantray News

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