Scandale à l’ONA : Arrestation de l’ex-DG Jemley Marc Jean Baptiste, l’architecte des prêts frauduleux

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Dans un pays où les retraités peinent à toucher leur pension et où les caisses publiques sont constamment pillées par une élite corrompue, un nouveau scandale éclabousse l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA). Selon une enquête accablante de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), des prêts hypothécaires massifs ont été accordés en totale violation des règles établies, bénéficiant à des proches du Directeur Général a.i de l’époque, Jemley Marc Jean Baptiste.

Conséquence directe de ce rapport explosif, l’ex-DG de l’ONA a été arrêté. Son implication est désormais indiscutable : il a fraudé sur toute la ligne, abusant de son poste pour détourner des fonds publics sous couvert de prêts hypothécaires.

Un stratagème bien rodé pour détourner des millions

L’enquête de l’ULCC révèle que deux prêts hypothécaires colossaux ont été octroyés à Madame Mildrède Béliard et Monsieur Jacques Lauture, sans respect des procédures en vigueur. Mme Béliard a ainsi pu obtenir 35,75 millions de gourdes pour acheter un bien immobilier… qu’elle n’a finalement jamais acquis. À la place, elle a utilisé l’argent pour acheter une autre propriété, sans en informer l’ONA et sans autorisation écrite de la Direction des Affaires Juridiques. Mieux encore, l’ex-DG de l’ONA a validé cette opération en court-circuitant les procédures légales.

Quant à Monsieur Jacques Lauture, son cas est encore plus scandaleux. Il a obtenu un prêt de 71,65 millions de gourdes, bien au-delà du plafond autorisé de 35 millions pour un assuré externe. Non content d’outrepasser cette règle, l’ancien Directeur Général lui a aussi accordé un taux d’intérêt préférentiel de 9 %, alors que la norme était de 12 %.

Un abus de pouvoir manifeste

La Commission d’enquête est formelle : Jemley Marc Jean Baptiste est le principal responsable de ce vaste système de fraude. Il a manipulé les règlements pour attribuer des prêts sur-mesure à des bénéficiaires privilégiés. Il s’agit ni plus ni moins d’un cas flagrant d’abus de fonction, une infraction punie par la loi du 12 mars 2014 sur la prévention et la répression de la corruption.

Pire encore, les directeurs impliqués – notamment Pierre Motler Saint Jacques (Administratif) et Pierre Frantz Lubin (Financier) – ont autorisé ces décaissements sur la base de simples mémos internes, sans exiger les validations écrites requises. Une légèreté administrative qui interroge sur leur degré d’implication dans cette vaste entreprise de détournement.

L’arrestation du principal coupable et la fuite de Jacques Lauture

L’ULCC ne s’est pas contentée d’un simple rapport. L’enquête a mené directement à l’arrestation de Jemley Marc Jean Baptiste, principal artisan de cette fraude institutionnalisée. Contrairement à d’autres affaires de corruption où les responsabilités sont diluées, ce dossier ne concerne que lui. Il a utilisé son pouvoir pour violer les règles, détourner des fonds et enrichir ses proches.

De son côté, Jacques Lauture, dont l’arrestation est imminente, tente d’échapper à la justice. Convoqué par le juge chargé de l’affaire, il a boudé l’invitation, évitant ainsi un face-à-face judiciaire qui aurait pu conduire à son interpellation. Son refus de comparaître ne fait que renforcer les soupçons sur son rôle dans ce scandale financier.

Vers une fin de l’impunité ?

Face à l’ampleur de cette fraude, l’ULCC recommande des sanctions administratives contre les directeurs impliqués et la mise en mouvement de l’action publique contre Jemley Marc Jean Baptiste. Pourtant, combien de scandales de ce type ont déjà éclaté sans qu’aucune véritable sanction ne soit appliquée ?

Le peuple haïtien a droit à des institutions transparentes et responsables. Il est inadmissible que l’argent destiné aux pensions des travailleurs serve à financer l’enrichissement illégal de quelques privilégiés. Avec l’arrestation de Jemley Marc Jean Baptiste et la traque de Jacques Lauture, la justice a enfin une opportunité historique de marquer un tournant et de mettre un terme à cette impunité institutionnalisée.

Affaire à suivre…

Rédaction : Zantray News

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