Le Président du Conseil présidentiel de transition, Son Excellence Laurent Saint-Cyr, est rentré au pays le dimanche 9 novembre 2025, auréolé de sa participation au deuxième Sommet mondial pour le développement social à Doha, au Qatar. Une visite officielle présentée comme un succès diplomatique, mais dont les fruits restent, pour l’instant, invisibles à l’œil nu.
À l’aéroport international Toussaint Louverture, la mise en scène fut impeccable : tapis protocolaire, saluts coordonnés, présence du Premier ministre Alix Didier Fils Aimé, du conseiller-président Leslie Voltaire, de plusieurs membres du gouvernement, du haut commandement de la police nationale et des gradés de l’armée. Une foule d’uniformes et de titres pour accueillir un président qui revient surtout avec… des mots.
Car à Doha, Laurent Saint-Cyr a, selon les termes officiels, « apporté la voix du peuple haïtien » sur la scène internationale. Une belle formule, un peu usée, qui masque mal l’absence d’actions tangibles. Il y a plaidé pour plus d’appui financier et technique à la table de sécurité, pour faire face à la crise humanitaire et organiser des élections libres et crédibles dans peu de temps. Des demandes légitimes, certes, mais répétées à chaque sommet depuis des années, sans que le quotidien du peuple haïtien ne s’en trouve changé.
Pendant que le président plaidait à Doha, la situation à la maison n’a pas attendu son retour pour se détériorer. Le contraste entre les salons climatisés du Qatar et les réalités haïtiennes reste saisissant : d’un côté, des discours sur le développement social ; de l’autre, un pays en quête de stabilité, de sécurité et de pain.
Et pourtant, le communiqué se veut solennel : Haïti parlé au monde. Oui, mais le monde écoute-t-il encore ? On peine à le croire. L’atterrissage de Laurent Saint-Cyr fut sans doute plus bruyant que l’écho de son plaidoyer.
Un retour, donc, plus symbolique que concret. Une énième tournée diplomatique où l’on a beaucoup « plaidé », beaucoup « représenté », et très peu obtenu. Le décor est parfait, les formules rodées, mais la pièce reste la même : celle d’un pouvoir en représentation permanente, qui confond les applaudissements protocolaires avec des progrès réels.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com