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La révocation du Premier ministre Garry Conille par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) marque un épisode supplémentaire dans la crise politique haïtienne. Ce tournant se caractérise par un choix quasi cornélien, celui entre l’honneur national et la passion individuelle.
En tenant fermement, dès le départ, la main inexpérimentée et tremblante de la ministre des Affaires étrangères, Dominique Dupuy, Garry Conille a choisi une sortie qui intrigue. Dans la mesure où ce départ semble dicté par des intérêts personnels, en l’occurrence ceux du grand patron mafieux Laurent S. Lamothe, sanctionné par la communauté internationale pour corruption, blanchiment d’argent et financement de groupes armés, y compris des gangs terrorisant Haïti, et par surcroît ceux de Dominique Dupuy, la « fiyèt lalo » du Gouvernement sortant.
La chute de Conille est le résultat d’un long bras de fer avec le CPT, dirigé par Leslie Voltaire. En effet, depuis sa nomination, le Premier ministre, se prenant pour le Jupiter haïtien, a multiplié les affrontements avec le Conseil, multipliant les voyages à l’étranger sans l’avertir, procédant avec profusion à la nomination des personnels diplomatiques et consulaires, et refusant de se plier aux exigences de remaniement. Ce faisant, Conille, héritier du régime sanguilaire des Duvalier, cherchait à imposer son autorité et s’accaparer de tout le pouvoir . Mais ce qui a véritablement précipité sa révocation, c’est son entêtement à protéger des figures contestées du gouvernement, en particulier Dominique Dupuy, connue pour ses déclarations non réfléchies, provocatrices et arrogantes, ainsi que son manque de résultats concrets.
L’alliance de Conille avec Dupuy s’inscrit dans une dynamique plus large et plus sombre. Dupuy, sous le feu des critiques pour sa gestion diplomatique non professionnelle, serait proche du réseau de Lamothe, dont les ramifications touchent au trafic d’influence, au blanchiment des avoirs et au financement de groupes armés, sans oublier l’utilisation de valises diplomatiques pour transporter de grosses sommes d’argent. Lamothe, ce « grand patron », déjà frappé par des sanctions internationales, tirerait les ficelles dans l’ombre, influençant les décisions majeures et compromettant la souveraineté nationale.
En les forçant à quitter la scène politique, Conille et Dupuy semblent pris au dépourvu. Ils croyaient en leurs réseaux de couleur et d’argent, en Haïti et à l’étranger, pour les protéger. Leur départ involontaire vers une destination inconnue, perçu comme un acte de déblocage de la transition, met en lumière les influences souterraines qui continuent de fragiliser le pays. Néanmoins, on est amené à se demander à quel prix. Car les liens présumés entre ces personnalités et des réseaux mafieux nationaux et internationaux soulèvent de graves inquiétudes quant à l’avenir d’Haïti, déjà en proie à la violence des gangs et à une instabilité chronique.
Pour de nombreux observateurs, la révocation de Conille aurait pu être une opportunité de stabilisation si elle ne s’accompagnait pas de ce parfum de scandale avec les trois conseillers inculpés. La question qui demeure est de savoir si le départ du Premier ministre et de sa fidèle alliée, ou sa maîtresse disent certains, mettra fin à cette spirale de corruption et de violence, ou si, au contraire, il ouvrira un nouveau chapitre encore plus sombre pour le pays.
La communauté internationale et le peuple haïtien scrutent avec attention les prochains développements, espérant voir émerger une lumière dans ce tunnel d’incertitudes.
Rédaction : Zantray News