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Quand la diplomatie se félicite d’avancer, mais piétine encore dans le vide

Le Courrier Diplomatique vient de publier son 20ᵉ numéro, couvrant la période du 16 au 31 août 2025. Une édition que le Ministère des Affaires étrangères présente comme le témoignage d’une « activité diplomatique soutenue ». En réalité, ce nouvel exercice d’autosatisfaction révèle surtout l’écart béant entre les communiqués officiels et la situation désastreuse d’Haïti sur la scène internationale.

Sous la houlette du Conseil Présidentiel de Transition et de Son Excellence Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, la diplomatie haïtienne prétend s’articuler autour du principe pompeux « Rien sur Haïti sans Haïti ». Mais derrière cette formule, répétée comme un mantra, il n’y a guère de substance. Dialogue, concertation, souveraineté ? Des mots creux, brandis pour masquer une dépendance diplomatique de plus en plus flagrante, notamment vis-à-vis des puissances qui dictent encore le rythme politique et économique du pays.

Le Premier Ministre, Alix Didier Fils-Aimé, a effectué une mission à Washington auprès de l’OEA pour « consolider la Feuille de route pour la stabilité et la paix en Haïti ». Une feuille de route parmi tant d’autres, rédigée à huis clos, sans véritable inclusion nationale, et dont les promesses de sécurité et de relance économique semblent déjà reléguées aux oubliettes. Pendant que les dirigeants accumulent les voyages et les signatures de cadres de coopération, la réalité reste implacable : insécurité galopante, institutions affaiblies, économie en ruine.

Le communiqué se félicite aussi du « renforcement » des relations avec la Colombie, Taïwan et le Canada, comme si un échange de courtoisie suffisait à constituer une avancée stratégique. Quant à la participation d’Haïti à Carifesta XV, elle est brandie comme un symbole de vitalité régionale, alors qu’elle ne masque guère l’effacement progressif du pays dans les grandes discussions caribéennes.

Enfin, le MAEC affirme « demeurer engagé à défendre la voix et les intérêts d’Haïti sur la scène internationale ». Mais quelle voix, quand la diplomatie se réduit à une communication triomphaliste sans résultats tangibles ? Et quels intérêts, quand l’État peine à défendre ceux de ses propres citoyens sur son propre territoire ?

Le 20ᵉ Courrier Diplomatique devait illustrer un nouvel élan. Il illustre surtout une constante : le gouvernement s’adresse à lui-même, se félicite tout seul, pendant que le pays s’enfonce dans le silence et l’impuissance.

Mozard Lombard,

mozardolombardo@gmail.com

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