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C’est une gifle. Un crachat en pleine figure d’un peuple à bout de souffle.
Alors que les rues d’Haïti se couvrent de cadavres, que les hôpitaux ferment les uns après les autres, que les enfants dorment à même le sol pour fuir les balles, le Conseil présidentiel de transition (CPT), déconnecté de toute réalité nationale, trouve le temps — et l’audace — de condamner une attaque… en Inde.
Oui, vous avez bien lu : l’Inde, à des milliers de kilomètres de notre enfer quotidien. Une attaque survenue à Pahalgam, dans la région du Jammu-et-Cachemire, qui a valu un communiqué officiel, solennel, pompeux. Pendant ce temps, à Delmas, Carrefour-Feuilles, Cité Soleil, les Haïtiens tombent comme des mouches. Mais pour eux, pas un mot.
Quelle est cette mascarade diplomatique ? Quel est ce besoin maladif de paraître à l’international quand on ne parvient même pas à exister chez soi ? Le Conseil condamne pour l’Inde, mais reste muet devant l’anarchie totale qui consume le pays. À Mirebalais, les cadavres jonchent les rues. À Pacot, les bandits exécutent ceux qui surveillent Canapé-Vert. Le chaos est total. Mais le Conseil regarde ailleurs. Littéralement.
Et ce n’est pas un cas isolé.
En République dominicaine, des femmes haïtiennes enceintes sont arrachées de leur lit d’accouchement, leur nouveau-né à peine sorti du ventre, pour être expulsées comme du bétail. Un scandale humanitaire d’une cruauté inouïe, filmé, documenté, partagé. Et là encore : silence radio.
Pas un mot. Pas une condamnation. Pas une protestation.
Mais qu’un drame survienne dans une discothèque de Saint-Domingue, et soudain, nos dirigeants s’indignent, signent des déclarations, prennent la plume. C’est à se demander s’ils gouvernent Haïti ou s’ils font du bénévolat pour le département d’État dominicain.
Ce Conseil présidentiel, sans légitimité populaire, sans vision claire, sans action concrète, prétend pourtant parler au nom du peuple haïtien. Il ose écrire : « Le peuple haïtien exprime sa solidarité » à l’Inde. Quel peuple ? Qui a été consulté ? Qui a donné mandat à ces fossoyeurs de la souveraineté de parler en notre nom ?
Haïti n’a reçu ni aide, ni soutien, ni parole d’encouragement de la part de New Delhi. Et pourtant, c’est vers ce géant asiatique qu’on lève les yeux, pendant que notre peuple, lui, s’enfonce dans la terreur, la faim et la misère.
Nous sommes gouvernés par des fantômes diplomatiques, obsédés par les apparences, indifférents aux souffrances réelles. Pendant qu’ils distribuent les communiqués, nos enfants ne vont plus à l’école, nos femmes sont violées, nos maisons incendiées.
Et que fait le CPT ? Il écrit à l’Inde. Il pleure pour une boîte de nuit dominicaine.
C’est plus qu’un affront. C’est une trahison.
Et que l’on ne s’y trompe pas : le peuple haïtien n’est pas dupe. Il observe. Il endure. Mais il n’oubliera pas. L’histoire retiendra le silence complice du Conseil présidentiel face aux massacres. Elle retiendra leur lâcheté diplomatique. Leur hypocrisie. Leur abandon.
Et bientôt, il n’y aura plus rien à représenter.
Rédaction : Zantray News