Alors que l’ouragan Melissa, classé catégorie 5, fonce sur le pays avec des vents atteignant 295 km/h et des pluies diluviennes dépassant les 400 millimètres, le gouvernement tente une fois de plus de donner l’impression d’une maîtrise de la situation. Derrière les formules convenues de “mobilisation nationale” et de “solidarité”, le communiqué officiel du Centre d’Opérations d’Urgence National (COUN) révèle surtout l’impréparation chronique d’un État qui multiplie les annonces sans jamais en assumer les résultats.
Ce mardi, à l’occasion des “Mardis de la Nation”, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé s’est félicité de la mise en alerte du Grand Sud et de la supposée activation du Fonds d’Urgence (FDU). Mais sur le terrain, la réalité est tout autre : les infrastructures d’accueil manquent, les stocks de kits “stratégiquement positionnés” se font attendre, et les transferts d’aide promis par voie électronique restent, pour la majorité des familles vulnérables, une promesse virtuelle.
Depuis l’activation du Comité National de Gestion des Risques et Désastres (CNGRD) le 20 octobre, aucune action concrète n’a permis de renforcer les routes menacées, de sécuriser les berges fragilisées ni d’évacuer préventivement les zones à risque. Le gouvernement évoque une “coordination efficace et anticipative”, mais les populations du Sud et de l’Ouest savent trop bien ce que cela signifie : attendre les secours les pieds dans l’eau, quand il n’est pas déjà trop tard.
Les ministères — Travaux publics, Économie, Affaires sociales, Environnement, Agriculture, Santé — sont censés œuvrer de concert. Mais le communiqué ne fait qu’aligner des sigles et des intentions creuses, sans la moindre donnée vérifiable sur les moyens réellement mobilisés. Les mêmes discours avaient accompagné les ouragans précédents, suivis d’un silence assourdissant une fois les dégâts constatés.
Le gouvernement appelle à “la prudence, la vigilance et la solidarité”. Un appel qui sonne creux dans un pays où les institutions, défaillantes depuis des décennies, laissent aux citoyens eux-mêmes le soin d’organiser leur survie. Pendant que Melissa approche, l’État se réfugie derrière ses conférences de presse et ses communiqués — preuve, s’il en fallait encore une, que face aux catastrophes naturelles, le plus grand désastre demeure l’incurie politique.
Mozard Lombard,
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