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Le 7 octobre 2024, l’architecte et ancien ministre Leslie Voltaire a été officiellement intronisé comme président du Conseil présidentiel de transition (CPT) d’Haïti. Sa nomination intervient dans un contexte de crises multiples, tant politiques que sécuritaires, alors que le pays fait face à des tensions internes croissantes et à une insécurité galopante. La cérémonie de passation de pouvoir a été marquée par l’absence du président sortant, Edgar Leblanc Fils, qui a refusé de participer, dénonçant la présence des trois membres du CPT accusés de corruption.
Une transition sous le signe de la discorde
Edgar Leblanc Fils, dans un discours adressé à la nation, a exprimé son désaccord avec la résolution du 4 octobre 2024, qui modifie la présidence tournante du CPT. En effet, cette résolution exclut du processus de succession deux membres du Conseil, Smith Augustin et Louis Gérald Gilles, épinglés dans un rapport de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) pour réception de pots-de-vin. Malgré les accusations, Leslie Voltaire, qui succède à Leblanc, ainsi que trois autres conseillers concernés, continuent de siéger au CPT.
Cette situation reflète les profondes divisions qui traversent l’actuel gouvernement de transition. Pourtant, pour Leslie Voltaire, l’heure est à l’urgence et à l’unité. « Nous devons prendre la mesure de la gravité de la situation dans laquelle le pays s’est enlisé. Il est impératif de travailler ensemble pour faire face à cette crise », a-t-il déclaré lors de son discours d’investiture.
Des défis immenses à relever
Les défis qui attendent le nouveau président du CPT sont titanesques. L’un des plus urgents est l’installation du Conseil électoral provisoire (CEP), encore incomplet, qui sera chargé de préparer les élections prévues d’ici 2026. Mais ce n’est pas tout. La violence des gangs continue de ravager le pays, comme l’a rappelé Voltaire en évoquant le massacre de Pont Sondé, survenu le 3 octobre dans l’Artibonite. Il a exprimé sa solidarité avec les victimes de cette violence incontrôlable, tout en appelant à un renforcement des forces de l’ordre.
Dans ce contexte, le Premier ministre par intérim, Carlos Hercule, a assuré que des mesures seraient prises pour renforcer la Police nationale d’Haïti (PNH), avec l’appui d’une force multinationale. Leslie Voltaire place d’ailleurs de grands espoirs dans cette aide internationale, estimant que des résultats concrets pourraient être obtenus rapidement pour rétablir un minimum d’ordre.
La question du rapatriement des Haïtiens
À peine installé, Leslie Voltaire a convoqué une réunion d’urgence le 8 octobre avec plusieurs membres du gouvernement pour aborder la question du rapatriement des ressortissants haïtiens depuis la République dominicaine. Ces rapatriements, souvent massifs et forcés, exacerbent la crise humanitaire à laquelle Haïti est confrontée. En l’absence de la ministre des Affaires étrangères qui papillonne de pays en pays pour se faire photografier, cette rencontre a réuni, entre autres, le ministre des Affaires sociales et du Travail, le ministre de la Défense et des représentants de la PNH. Ensemble, ils ont tenté de trouver des solutions pour gérer ces retours forcés dans un pays déjà au bord de l’implosion.
Ce focus sur la situation des migrants haïtiens montre que la crise dépasse largement les frontières du pays. Les relations avec la République dominicaine sont tendues, et le rapatriement de milliers de citoyens haïtiens, souvent dans des conditions déplorables, ne fait qu’alourdir les responsabilités du gouvernement de transition.
Un leadership contesté mais indispensable
Leslie Voltaire, membre du parti Fanmi Lavalas, sait que sa présidence est contestée, notamment en raison des accusations de corruption qui pèsent sur certains membres du CPT. Cependant, il reste déterminé à accomplir la mission qui lui a été confiée. « On ne peut pas échouer », a-t-il affirmé dans une récente interview, insistant sur le fait que toutes les forces vives de la nation doivent être représentées pour sortir le pays de l’impasse.
Sa présidence est prévue pour durer jusqu’au 7 mars 2025, date à laquelle Fritz Alphonse Jean devrait prendre le relais, suivi de Laurent Saint-Cyr. Cette rotation est destinée à offrir une certaine stabilité à la transition, mais elle dépendra fortement de la capacité du Conseil à surmonter les défis actuels.
Dans un pays où l’instabilité politique est chronique et les gangs armés contrôlent une grande partie du territoire, Leslie Voltaire est bien conscient de l’immensité de la tâche. Pourtant, son message se veut résolument optimiste : il croit fermement que, grâce à un travail conjoint, Haïti pourra surmonter cette période sombre de son histoire.
Rédaction Zantray News