Les cent jours du Premier ministre Fils-Aimé au regard de Sem Lapaix

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Cent jours après son installation à la Primature, Alix Didier Fils-Aimé, Premier ministre du gouvernement de facto du Conseil présidentiel de transition (CPT), n’a pu dresser un véritable bilan de son action durant cette période. Loin de toute célébration, il s’est réservé dans son discours et a surtout mis en lumière l’ampleur du désastre auquel Haïti est confrontée.

« L’ordre institutionnel et constitutionnel est rompu depuis le 7 juillet 2021 », martèle M. Fils-Aimé.

Un constat glaçant qui, selon Sem Lapaix, témoigne de la gravité de la crise et de l’échec des espoirs placés dans la transition.

Une transition en pleine tempête

Dès sa nomination, Alix Didier Fils-Aimé s’était engagé à redresser la situation du pays après des années de tensions et de troubles. Mais 100 jours plus tard, Haïti semble plus instable que jamais.

La crise politique actuelle trouve son origine dans l’assassinat lâche et brutal du président Jovenel Moïse, dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. Pendant quatre ans et six mois, la classe politique traditionnelle, appuyée par une partie de la bourgeoisie, a mené un bras de fer acharné pour forcer son départ. Pourtant, la transition, qui selon les promesses fallacieuses de l’opposition politique face au président Moïse devait conduire à la stabilité, n’a jusqu’ici produit que plus de chaos.

Certains acteurs politiques, à l’image de l’ex-sénateur Antonio Cherami, alias Don Kato, ne cachaient pas leur volonté d’évincer Jovenel Moïse par tous les moyens. En témoigne sa déclaration sans équivoque :

« Menm si se yon sèl jou ki ta rete pou manda Prezidan Jovenel Moïse fini, n ap retire l sou pouvwa pa nenpòt mwayen. »

Aujourd’hui, ceux qui souhaitaient cette transition sont sous le feu des critiques. Comme l’observe Sem Lapaix, cette période, qui devait être un nouveau départ, est perçue comme un immense gâchis. Ceux qui dénonçaient hier les anciens régimes — qu’ils soient macoutistes, putschistes, lavalassiens ou PHTKistes — sont aujourd’hui accusés d’avoir empiré la situation.

100 jours d’action : des promesses aux réalités du terrain

Dans son bilan, Alix Didier Fils-Aimé a tenté de mettre en avant les grands chantiers de la transition. Selon lui, ces 100 jours ont été marqués par des efforts pour restaurer l’autorité de l’État, lutter contre l’insécurité et préparer le pays à un retour à l’ordre constitutionnel.

Il a réitéré son engagement à respecter l’accord du 3 avril 2024, annonçant trois priorités majeures :
• Lutter contre l’insécurité et reprendre le contrôle du territoire,
• Organiser un référendum constitutionnel,
• Tenir des élections générales pour restaurer l’ordre institutionnel et constitutionnel.

Mais pour Sem Lapaix, ces annonces peinent à convaincre. La réalité sur le terrain semble bien différente du discours officiel.

Un pays livré aux gangs et à l’impunité

Les chiffres et les faits sont sans appel : près de 90 % de Port-au-Prince serait sous le contrôle des gangs armés. Les kidnappings, massacres et pillages rythment le quotidien des Haïtiens, tandis que l’État peine à réagir.

La corruption sévit à tous les niveaux, sous couvert d’une impunité arrogante et généralisée. La justice, affaiblie et infiltrée, semble incapable de redresser la barre. En seulement 100 jours, la transition a plongé Haïti dans un niveau d’insécurité et d’instabilité jamais atteint.

Quel avenir pour Haïti après ces 100 jours ?

Si ces promesses sont la seule voie possible vers une sortie de crise, leur concrétisation reste incertaine. Comme le souligne Sem Lapaix, le temps presse. Chaque jour qui passe sans avancée aggrave un peu plus la situation du pays.

Haïti peut-elle encore espérer un redressement sous ce gouvernement de transition, ou est-elle condamnée à sombrer davantage dans le chaos ?

Une chose est sûre : les 100 prochains jours seront décisifs.

Rédaction : Zantray News

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