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Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse, le Conseil de Transition du Pouvoir (CPT) semble multiplier les gestes de rapprochement envers la Colombie. Pourtant, ce crime odieux, perpétré par des Colombiens capturés par la population haïtienne dans les hauteurs de Pétion-Ville, reste entouré d’un épais brouillard d’impunité. Une vidéo témoigne encore aujourd’hui de l’acte de résistance populaire qui a suivi cet assassinat ( . Mais au lieu de s’atteler à la quête de justice et de vérité, le CPT semble détourner les regards des véritables enjeux, alimentant des interrogations troublantes : les assassins sont-ils désormais au pouvoir ?
Une justice ignorée, des commanditaires en liberté
Pourquoi les autorités haïtiennes continuent-elles d’ignorer le procès des responsables directs, une étape cruciale pour identifier les véritables commanditaires ? En août 2021, l’ancien président colombien Iván Duque avait pourtant confirmé l’implication directe de soldats colombiens, après une enquête menée par l’intelligence militaire de son pays. Les communications de ces militaires dans un groupe WhatsApp avaient été révélées, et Iván Duque avait même présenté des excuses officielles au peuple haïtien.
Parmi les assassins, Antonio Palacios Palacios, ayant fui après le meurtre, a été extradé aux États-Unis. Reconnaissant sa participation directe, il a été condamné à la prison à vie. Pourtant, en Haïti, aucune démarche sérieuse n’a été entreprise pour identifier ou juger les commanditaires, ni pour traduire en justice les auteurs toujours détenus sur le territoire national. Ce silence judiciaire soulève une question troublante : ceux qui protègent ou manipulent ces assassins sont-ils les mêmes qui gouvernent aujourd’hui ?
Jacmel : une vitrine trompeuse d’une Haïti en crise
Lors de la visite du président colombien Gustavo Petro, la ville de Jacmel a offert une image étrange et déroutante. Pour cette seule occasion, la ville a bénéficié d’un éclairage public grâce à l’électricité de l’EDH, un luxe rare dans un pays où l’obscurité est la norme. Plus encore, la mairesse a décrété la fermeture des écoles pour près d’une semaine, paralysant la vie quotidienne des habitants au profit de cette visite diplomatique.
Une question choque les esprits : les Colombiens impliqués dans l’assassinat de Jovenel Moïse seront-ils mobilisés dans le cadre du service protocolaire pour accueillir leur président ? Ce serait une absurdité tragique, dans un pays déjà plongé dans le chaos. Cette mise en scène donne l’impression d’une « Haïti à l’envers », où les priorités sont inversées, et où les dirigeants semblent ignorer les souffrances et les attentes de leur propre peuple.
Gustavo Petro : un rôle ambigu
Si le président Gustavo Petro avait réellement voulu renforcer les relations entre la Colombie et Haïti, il aurait pu commencer par remettre aux autorités haïtiennes les preuves disponibles concernant les soldats colombiens impliqués dans l’assassinat. Les communications WhatsApp, notamment, auraient pu éclairer l’enquête et contribuer à la quête de justice. Or, Petro n’a pris aucune initiative en ce sens. Sa visite, perçue par beaucoup comme une manœuvre électoraliste, ne fait qu’accentuer le mépris ressenti par le peuple haïtien.
Une dette historique ignorée
Cette posture est d’autant plus insultante qu’Haïti a joué un rôle crucial dans l’histoire des pays bolivariens. En 1815, Haïti a fourni armes, fonds et soldats à Simón Bolívar pour sa lutte contre l’esclavage et la colonisation. Ce soutien décisif, évoqué dans un documentaire de Netflix sur Bolívar, souligne l’importance d’Haïti comme allié historique de la Colombie et d’autres nations sud-américaines. Aujourd’hui, cet héritage est bafoué. Le président colombien est reçu avec les honneurs, au mépris des attentes légitimes de justice et de vérité.
Un peuple trahi mais résilient
Accueillir Gustavo Petro avec des fleurs et des festivités, alors que l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse reste au point mort, est une insulte à la mémoire du président et au sang versé par le peuple haïtien. Cette soudaine mise en lumière de Jacmel, dans un pays où la majorité vit dans l’obscurité, illustre l’ironie cruelle d’une gestion déconnectée des réalités.
Le peuple haïtien, trahi par ses dirigeants, ne saurait tolérer que des gesticulations diplomatiques détournent l’attention de l’essentiel. Les assassins sont-ils aujourd’hui au pouvoir, gouvernant dans l’ombre d’une justice bafouée ? Cette question demeure au cœur des préoccupations d’une nation en quête de vérité.
L’humanité observe. Haïti ne doit pas sombrer dans une caricature de son propre désespoir, mais se relever pour revendiquer sa souveraineté, sa dignité et son droit à la justice.
Rédaction: Zantray News