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Le Courrier diplomatique du Ministère des Affaires étrangères haïtien, daté du 16 au 31 janvier 2025, présente une vision de l’action diplomatique haïtienne qui semble totalement déconnectée des réalités du terrain. Entre discours pompeux, mises en scène protocolaires et annonces grandioses, ce document met en lumière des incohérences flagrantes qui illustrent la profonde crise de gouvernance du pays.
Une diplomatie active sur le papier, un pays à l’agonie sur le terrain
Le bulletin vante les efforts du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et du gouvernement pour restaurer l’ordre et la sécurité, tout en insistant sur l’importance des alliances internationales pour y parvenir. Pourtant, la réalité quotidienne des Haïtiens est tout autre : Port-au-Prince est sous la coupe des gangs, la population est prise en otage, et les forces de l’ordre sont impuissantes face à une insécurité endémique. Pendant que le ministre Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste et les membres du CPT multiplient les voyages et rencontres officielles, les Haïtiens subissent kidnappings, massacres et famine. Le contraste est frappant : pendant que le gouvernement cherche à renforcer ses relations avec la Colombie, le Vatican ou la France, le peuple haïtien vit sous la terreur des gangs armés qui défient ouvertement l’État.
Un plaidoyer international énergique, mais une action nationale absente
Le document met en avant la participation d’Haïti à la 9844e séance du Conseil de Sécurité des Nations Unies, où des “engagements” auraient été obtenus pour la stabilisation du pays. Mais quels engagements concrets ? Aucune mesure immédiate n’est mentionnée. L’appel à une mission de maintien de la paix des Nations Unies ressemble davantage à une incantation désespérée qu’à un véritable plan d’action. Le gouvernement clame haut et fort qu’il plaide pour des solutions durables, mais il ne propose aucune réforme institutionnelle, aucun plan clair de désarmement des gangs, ni de feuille de route politique crédible. Tandis que les ministres se félicitent de leurs rencontres diplomatiques, la population attend des actions concrètes pour mettre fin à son calvaire.
Une communication exagérément élogieuse, un bilan inexistant
Tout au long du bulletin, on retrouve une obsession pour la mise en scène protocolaire : “Son Excellence Monsieur”, “réception en l’honneur de”, “rencontre hautement symbolique”… Mais où sont les résultats ?
• La visite du Président colombien Gustavo Petro à Jacmel est présentée comme un moment historique, sans qu’aucun accord concret ne soit détaillé.
• La rencontre avec le Pape François est décrite comme un moment d’échange spirituel et diplomatique, mais aucune initiative tangible pour Haïti n’en découle.
• La rencontre avec Emmanuel Macron évoque une “annonce importante” sur la dette de l’indépendance… prévue pour avril 2025 ! Pendant ce temps, des Haïtiens meurent chaque jour sous les balles des gangs.
Loin d’être un rapport diplomatique stratégique, ce Courrier diplomatique ressemble davantage à un exercice d’auto-congratulation. Il n’apporte aucune réponse aux préoccupations urgentes du peuple haïtien.
Une quête de soutien extérieur, une absence totale de responsabilité nationale
Le gouvernement de transition présente systématiquement les problèmes d’Haïti comme dépendants de l’action internationale. Or, même si le soutien extérieur est crucial, Haïti ne peut se contenter d’attendre que l’ONU, l’OIF ou la France règlent ses problèmes à sa place. Le document parle de “consolidation des efforts nationaux”, mais :
• Où est la réforme de la Police Nationale d’Haïti (PNH) pour la rendre plus efficace ?
• Où est le plan économique d’urgence pour éviter l’effondrement total du pays ?
• Où est le dialogue national inclusif pour sortir de cette crise ?
Rien de tout cela n’est abordé dans ce bulletin, qui préfère insister sur des réunions et des promesses vagues et creuses.
Une diplomatie hors-sol, un peuple laissé pour compte
Il semble que, malgré ses expériences, compétences et capacités, le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, peine encore à marquer son territoire dans le domaine diplomatique. Bien qu’il bénéficie du soutien des neuf membres du CPT, il n’arrive toujours pas à imprimer sa marque dans la diplomatie haïtienne. Quels sont les obstacles qu’il rencontre ? Son manque de réalisations concrètes et de propositions visibles dans ce Courrier diplomatique soulignent cette difficulté. Malgré tout, il devra impérativement laisser une trace durable dans la diplomatie haïtienne, car sans cette approche stratégique, son action restera trop souvent perçue comme une illusion.
Le ministre doit savoir clairement que diriger la diplomatie est bien différent de rédiger un manuel de protocole pour étudiants. Il ne peut en aucun cas se contenter de voyager à longueur de journée, multipliant les apparitions et les rencontres sans résultats tangibles. La diplomatie haïtienne a besoin de vision, d’actions concrètes, et surtout de résultats palpables pour le peuple.
De grâce, mes chers responsables diplômés et expérimentés, arrêtez ce massacre sur les lecteurs. Même la diplomatie haïtienne, elle-même, ignore parfois les choses racontées dans ce bulletin ! Ce Courrier diplomatique illustre parfaitement l’échec total des dirigeants à faire face aux véritables défis d’Haïti. Derrière le vernis des discours diplomatiques et des accolades internationales, la réalité est brutale : un gouvernement impuissant, une crise sécuritaire incontrôlable et une population abandonnée.
Les élites politiques continuent de naviguer entre conférences et dîners officiels pendant que le pays s’enfonce dans le chaos. Si la diplomatie haïtienne veut être crédible, elle doit cesser de se contenter de mots et passer enfin aux actes. Faute de quoi, ce genre de bulletin ne sera qu’un document vide, incapable de masquer l’effondrement de l’État haïtien.
Rédaction : Zantray News