Le Président du Conseil Présidentiel de Transition, Laurent Saint-Cyr, a une fois de plus choisi les caméras et les podiums internationaux pour briller, cette fois au Mondial U-17. Sous couvert d’un « communiqué de presse » enflé de superlatifs, il salue le courage et le talent de la jeunesse haïtienne, tout en se drapant dans un discours creux sur « la fierté nationale » et « l’avenir du sport ». Mais pendant que le chef de l’État intérimaire multiplie les éloges depuis les gradins de stades luxueux, la jeunesse qu’il prétend défendre survit, sans eau, sans école, sans sécurité, dans un pays à genoux.
L’hommage aux « jeunes Grenadiers » aurait pu sonner sincère si le gouvernement qu’il dirigeait ne laissait pas fuir chaque jour des milliers de jeunes Haïtiens vers l’exil. Parler de « persévérance » et « d’espoir » depuis Doha, c’est oublier que les rêves de la jeunesse haïtienne s’éteignent sous les balles des gangs que son Conseil Présidentiel se montre incapable de désarmer.
Le Président promet, encore une fois, de « renforcer les investissements publics dans le football » et de soutenir « les autres disciplines sportives ». Promesses vides, déconnectées d’une réalité où les terrains de sport sont envahis par les ordures, où les clubs meurent faute de financement, et où les fédérations survivent dans un chaos administratif total.
Et comme toujours, le discours se conclut par le refrain habituel : « rétablir la sécurité », « ramener la stabilité », « faire rayonner la Nation ». Des mots sans substance, prononcés depuis un Qatar paisible, pendant que Port-au-Prince s’enlise dans la terreur quotidienne.
Laurent Saint-Cyr félicite la jeunesse pour son courage, mais ne fait rien pour que ce courage serve ailleurs qu’à fuir le pays. Ses messages de « fierté nationale » sonnent comme une insulte à ceux qui vivent l’humiliation, l’insécurité et la misère.
Sous le vernis de la diplomatie et des déclarations officielles, cette visite à Doha révèle surtout l’indécence d’un pouvoir en quête d’images positives, incapable d’affronter la réalité du désastre haïtien. Pendant que les Grenadiers défendent nos couleurs sur le terrain, ceux qui prétendent gouverner continuent, eux, à dribbler la vérité.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com