Getting your Trinity Audio player ready...
|
Le linguiste et sociologue Willy Joseph tire la sonnette d’alarme auprès des autorités concernées pour qu’elles prennent une décision rapide et évitent le pire afin de sortir Lahoye de la confusion.. Dans un texte riche en détails, il met en lumière les problématiques complexes qui secouent cette section communale depuis des années.
Une section communale plongée dans un conflit politique
Depuis plusieurs années, la section communale de Lahoye, située dans le département du Centre, est au cœur d’un conflit politique opposant les communes de Lascahobas et de Thomonde. À l’origine de cette crise, un décret controversé publié le 13 février 2006 par le gouvernement de facto dirigé par Alexandre/Latortue. Ce texte modifiait la loi de 1978 sur la délimitation territoriale en plaçant Lahoye, anciennement troisième section communale de Lascahobas, sous la tutelle de Thomonde comme sa quatrième section communale.
Cette décision est dénoncée comme illégale par les habitants de Lahoye, car elle enfreint le principe juridique selon lequel un décret ne peut pas abroger une loi. Pour eux, ce rattachement à Thomonde va à l’encontre de leurs intérêts socio-économiques et culturels.
Des protestations violemment réprimées
Les habitants de Lahoye n’ont pas tardé à manifester leur mécontentement. En 2014 et 2016, ils ont organisé des mobilisations pour réclamer l’annulation du décret, exiger de meilleures conditions de vie et demander que Lahoye soit érigée en commune. Ces manifestations ont été brutalement réprimées par les autorités politiques et policières, entraînant de graves violences : incendies de maisons, de véhicules et de motocyclettes, ainsi que des blessures par balles. Ces événements ont laissé des blessures profondes au sein de la communauté.
Une confusion administrative persistante
En 2017, lors des élections locales, la situation administrative de Lahoye a encore semé le trouble. Les bureaux de vote et les bulletins des candidats à la députation et aux conseils municipaux ont été rattachés à Lascahobas, et les élus ont prêté serment devant le tribunal de cette juridiction. Ce mélange d’allégeances et de responsabilités a plongé Lahoye dans un désordre administratif sans précédent.
Un territoire riche en ressources, mais miné par des tensions
Lahoye, avec ses 63 localités réparties entre l’Ouest (42 localités) et l’Est (21 localités), est traversée par le fleuve de l’Artibonite. Ce territoire agricole produit des denrées variées telles que le tabac, les haricots, les arachides, les aubergines et les tomates. De plus, il abrite le marché Casse, le plus grand marché du département du Centre, qui est également un espace économique binational stratégique.
Cependant, cette richesse est compromise par des activités commerciales non contrôlées à l’est, dans une zone frontalière avec la République dominicaine, notamment à l’embouchure de Macassi. Ces échanges illicites posent des risques pour la sécurité nationale et empêchent le développement durable de la région. La situation est exacerbée par l’actuel agent intérimaire de Thomonde, qui, accompagné de groupes armés, a pris le contrôle des recettes fiscales du marché Casse. Pendant ce temps, le juge de paix Léonel DENIZARD, empêché par les tensions et l’insécurité ambiante, est dans l’incapacité de siéger pour rendre justice, paralysant davantage le système judiciaire local.
Un appel urgent aux autorités
Willy Joseph souligne le rejet catégorique des habitants de Lahoye envers la tutelle de Thomonde. Ces derniers affirment qu’aucun lien socio-culturel, éducatif, religieux ou économique ne les unit à cette commune. Ce fossé alimente des tensions persistantes, rendant toute coopération impossible.
Face à cette situation, l’auteur du texte appelle le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), la Primature, le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT) et l’Office National d’Identification (ONI) à agir immédiatement. Il exhorte les autorités à prendre des mesures sages et éclairées pour sortir Lahoye de l’impasse et éviter de potentielles dérives, notamment à l’approche des prochaines élections.
Rédigé par :
Willy Joseph, linguiste et sociologue