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La décision controversée du CONATEL de suspendre l’émission politique « Boukante Lapawòl », diffusée sur Radio Méga, a déclenché une vive indignation en Haïti. De nombreux observateurs et acteurs de la société civile dénoncent une mesure perçue comme une tentative flagrante de museler une plateforme médiatique indépendante, connue pour son esprit critique à l’égard du pouvoir en place.
Un acte dicté par des intérêts politiques ?
D’après des sources proches du dossier, cette décision du Conseil National des Télécommunications (CONATEL) serait fortement influencée par des pressions exercées par les membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Les animateurs de l’émission, Guerrier Henry et Jean Ismael Valestin, célèbres pour leur indépendance et leur franc-parler, auraient attiré les foudres de certains responsables politiques en raison de leurs critiques acerbes.
Certains analystes estiment que le directeur général du CONATEL aurait agi dans l’urgence, motivé par une volonté de plaire aux figures influentes du CPT afin de sécuriser son poste. « Cette décision illustre une compromission inquiétante de la part d’une institution censée défendre la neutralité et les principes démocratiques », analyse un ancien cadre du CONATEL.
Un observateur critique va plus loin : « En agissant ainsi, le DG du CONATEL devient un instrument de répression politique, sacrifiant la liberté d’expression sur l’autel de ses ambitions personnelles. Une honte pour une institution qui devrait garantir l’accès équitable aux médias. »
Un coup porté à la presse indépendante
L’émission « Boukante Lapawòl » est une tribune incontournable pour les citoyens haïtiens, leur offrant un espace où s’exprimer sur les enjeux nationaux. Avec son ton direct et engagé, elle s’est imposée comme une référence, particulièrement dans un contexte où les médias indépendants jouent un rôle crucial dans la défense de la démocratie.
En suspendant cette émission, le CONATEL dépasse le cadre d’une décision administrative. Il attaque l’ensemble de la presse indépendante en Haïti, envoyant un message glaçant à tous les journalistes et médias critiques : « Soyez silencieux, ou soyez réduits au silence. »
Une condamnation unanime
La décision a été largement critiquée par des organisations de défense des droits humains et des associations de journalistes. SOS Journalistes, dans un communiqué virulent, a dénoncé cette mesure comme un « acte arbitraire », rappelant les pratiques autoritaires des régimes les plus sombres de l’histoire d’Haïti.
« Ce n’est pas simplement une émission qui est ciblée ici. C’est le droit du peuple à s’informer et à débattre librement qui est attaqué », a déclaré Joseph Guyler C. Delva, secrétaire général de SOS Journalistes.
Par ailleurs, les accusations avancées par le CONATEL, affirmant que l’émission serait une plateforme de propagande pour les groupes armés, ont été unanimement rejetées. Ces affirmations sont considérées comme infondées, voire diffamatoires, et n’auraient pour but que de justifier une décision dictée par des intérêts politiques.
Un précédent dangereux pour la démocratie
Alors qu’Haïti traverse une période de profonde instabilité politique et sécuritaire, la liberté de la presse reste l’un des derniers remparts contre l’autoritarisme. La suspension de « Boukante Lapawòl » met en lumière une tendance inquiétante : celle d’un pouvoir qui cherche à étouffer toute voix critique.
Cette dérive constitue un précédent dangereux. En cherchant à museler des journalistes indépendants, les autorités menacent de fragiliser davantage la démocratie haïtienne, déjà mise à mal par des décennies de crises politiques.
Un appel à la solidarité et à la résistance
Dans ce climat tendu, de nombreuses voix appellent à une mobilisation collective pour défendre la liberté d’expression. Journalistes, organisations de la société civile et citoyens sont exhortés à s’unir contre cette tentative de répression médiatique.
Cependant, une question persiste : Pourquoi certains médias haïtiens restent-ils silencieux face à une telle atteinte à leurs libertés ? Est-ce par peur de représailles ? Ou par un manque de compréhension de la nécessité d’une solidarité immédiate pour éviter des dérives encore plus graves ?
« Lorsque la liberté d’un média est attaquée, c’est toute la presse qui est en danger », a averti un journaliste vétéran. « Ce n’est pas seulement Boukante Lapawòl qui est réduit au silence, c’est aussi la voix de millions de citoyens haïtiens. »
Un devoir de mémoire et de vigilance
Le gouvernement et ses institutions doivent se rappeler que l’histoire ne pardonne pas les atteintes à la vérité. Les tentatives de museler les journalistes sont souvent les prémices d’une dérive autoritaire, mais elles finissent toujours par renforcer la détermination des défenseurs de la liberté.
En Haïti, où les médias indépendants constituent souvent le dernier espoir d’un peuple désabusé, les tentatives de bâillonner des émissions comme « Boukante Lapawòl » ne doivent jamais devenir la norme. La presse doit continuer à être un pilier de la démocratie, un outil de transparence et un porte-voix pour les sans-voix.
Le moment est venu pour tous les acteurs de la société haïtienne de défendre fermement ce droit fondamental, car, comme le dit si bien un observateur : « Faire taire Boukante Lapawòl, c’est faire taire le peuple. »
Rédaction : Zantray News