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Depuis quelques jours, Madame Pédrica Saint Jean, Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, sillonne le Grand Sud d’Haïti dans le cadre d’une série de promenades d’agrément. Après le Département du Sud et les Nippes, elle a récemment posé ses valises dans la Grand’Anse. Si la ministre multiplie les rencontres et visites officielles, les conditions des femmes en Haïti, quant à elles, semblent se dégrader de jour en jour, alimentant des critiques de plus en plus fortes envers son ministère.
La situation des droits des femmes en Haïti ne cesse de se détériorer, et malgré les discours officiels du Ministère à la Condition Féminine, les actions concrètes restent largement absentes. La ministre, au lieu d’implémenter des mesures efficaces pour protéger et promouvoir les droits des femmes, semble se concentrer sur des rencontres protocolaires et des visites symboliques. Le Ministère qu’elle dirige est souvent perçu comme une illusion, incapable de répondre aux besoins urgents des femmes haïtiennes.
Dans le cadre de sa visite dans la Grand’Anse, Madame Saint Jean a eu une réunion de travail au complexe administratif de Jérémie, le 15 février 2025. Cette rencontre a réuni les directeurs des institutions étatiques, des représentants de la société civile, ainsi que des personnalités locales, dont le Délégué de la ville de Jérémie et des responsables de la PNH. L’objectif affiché était de susciter un engagement collectif pour l’égalité des sexes et l’implémentation de politiques de genre, en vue d’une meilleure distribution des ressources et du pouvoir. Toutefois, les discussions ont principalement porté sur des problèmes structurels et institutionnels qui entravent l’efficacité des actions menées dans le département.
La Coordonnatrice départementale du MCFDF, Madame Kerling Gaspard Saint-Juste, a présenté les doléances des femmes et des filles de la Grand-Anse, mettant en lumière les difficultés rencontrées par les « Madan Sara » (les femmes commerçantes) et appelant à de meilleures conditions de travail et l’accès à du matériel adapté. Ces revendications soulignent la réalité de terrain, bien éloignée des belles paroles énoncées lors des rencontres ministérielles.
Malgré les nombreuses déclarations d’intention, la ministre Saint Jean a insisté sur l’importance de la collaboration entre les institutions étatiques, les partenaires locaux et les structures départementales du MCFDF pour lutter contre les problèmes liés au genre. Pourtant, ces actions concertées restent théoriques et peinent à se traduire en résultats tangibles pour les femmes des zones rurales, comme celles de la Grand’Anse.
Cette visite, bien que saluée par quelques acteurs locaux, s’inscrit dans un contexte où les femmes haïtiennes, confrontées à des violences multiples, à des discriminations systémiques et à une précarité grandissante, attendent des mesures concrètes et urgentes. Le MCFDF, censé être l’institution phare de la protection des droits des femmes, doit repenser sa stratégie pour répondre aux enjeux réels du pays.
Les acteurs du gouvernement et de la société civile présents lors de la rencontre ont tous réaffirmé leur engagement pour l’égalité des genres, mais la question demeure : le Ministère à la Condition Féminine saura-t-il enfin se montrer à la hauteur des défis imposés par la réalité des femmes haïtiennes ? À ce jour, la réponse reste incertaine.
Mozard Lombard,