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Port-au-Prince, le 23 novembre 2024- La Plateforme Résistance Démocratique (RED) se retrouve au centre d’une crise interne sans précédent, révélant au grand jour une lutte de pouvoir qui menace de faire imploser l’organisation. Deux communiqués contradictoires, publiés à un mois d’intervalle, exposent une fracture profonde entre les dirigeants de cette plateforme politique autrefois unie dans son combat pour une Haïti démocratique et transparente.
Un retournement spectaculaire le 16 octobre
Le premier acte de cette guerre interne remonte au 16 octobre 2024. Un communiqué émis ce jour-là annonçait non seulement l’exclusion de M. Renald Lubérice et de Mme Esther Antoine, mais également leur complicité présumée dans un scandale de corruption touchant la Banque Nationale de Crédit (BNC).
Les accusations, basées sur un rapport de l’ULCC, pointaient du doigt leur soutien à Smith Augustin, un conseiller présidentiel inculpé pour corruption. Dans ce contexte, le communiqué désignait Jonas Coffy comme l’unique représentant légitime de RED, assumant le rôle de porte-parole pour « résister face à la corruption et à l’impunité ».
Ce document, signé par un groupe de responsables internes, présentait Coffy comme l’incarnation des principes de justice et de transparence prônés par RED.
Une radiation définitive annoncée le 12 novembre
Près d’un mois plus tard, dans une note publique datée du 12 novembre 2024, RED annonce à son tour la radiation définitive de Jonas Coffy, figure influente et ancien ministre. Cette décision faisait suite à une suspension temporaire décidée en octobre.
Le communiqué, signé par plusieurs dirigeants de la plateforme, désigne désormais M. Renald Lubérice comme le seul représentant habilité à parler et agir au nom de RED. Il met en garde contre toute utilisation abusive du nom, du sceau ou des documents officiels de l’organisation, visant implicitement ceux qui chercheraient à en usurper l’autorité.
Les signataires réaffirment leur engagement en faveur d’une transition politique devant conduire à des élections démocratiques. « Pays avant Pouvoir… Haïti vaincra », conclut la note, dans une tentative d’affirmer une position unifiée et déterminée.
Une fracture irrémédiable ?
La publication de ces deux documents opposés montre que RED, au lieu d’unir ses forces pour relever les défis d’un pays en crise, est paralysée par une guerre des chefs. Chaque camp accuse l’autre de trahison, d’abus de pouvoir et de compromission avec des intérêts douteux.
D’un côté, le camp de Renald Lubérice et Esther Antoine, se présentant comme les gardiens des valeurs originelles de RED, dénonce les agissements de Jonas Coffy et tente d’écarter son influence. De l’autre, Jonas Coffy, fort de son expérience politique, se positionne comme le défenseur d’une résistance anti-corruption, tout en dénonçant les anciens dirigeants pour leur prétendue implication dans des scandales financiers.
Un avenir incertain pour RED
Alors qu’Haïti continue de faire face à une instabilité politique chronique, cette querelle interne affaiblit encore davantage une plateforme qui aurait pu jouer un rôle crucial dans la transition démocratique. La bataille pour le contrôle de RED semble davantage alimentée par des ambitions personnelles que par une volonté collective de répondre aux aspirations du peuple haïtien.
Dans l’état actuel des choses, il est difficile de savoir si RED pourra surmonter cette crise. Une chose est certaine : chaque camp risque de sortir affaibli de cette guerre fratricide, laissant un vide politique que d’autres forces ne manqueront pas de combler.
Conclusion
La Plateforme Résistance Démocratique (RED) est aujourd’hui à un tournant critique. À moins d’une médiation urgente et d’un effort commun pour réconcilier les factions rivales, la guerre des chefs pourrait marquer la fin de cette plateforme politique.
Rappelons que RED est représentée au sein du nouveau cabinet ministériel par l’ancien député Jean Michel Moïse, récemment nommé ministre de la Défense. Dans les pratiques politiques habituelles, l’attribution d’un ministère à un groupe politique en fait souvent une « chasse gardée », un « morceau de gâteau » réservé aux figures influentes de ce groupe. En ce sens, le ministère de la Défense semble être devenu un levier stratégique pour les personnalités clés de RED, offrant à chacun l’opportunité de tirer parti des ressources budgétaires.
Toutefois, la gestion de ce portefeuille par RED soulève déjà des interrogations. Le peuple saura, peut-être un jour, à quel point ces ressources auront été détournées, si des rapports de l’ULCC et de l’UCREF viennent à révéler la mauvaise utilisation des fonds publics par ceux qui ont obtenu ce ministère stratégique.
Rédaction : Zantray News