La coopération agricole : un faux espoir pour l’agriculture haïtienne ?

Getting your Trinity Audio player ready...

Le 11 février 2025, le ministre haïtien de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural, l’Agronome Vernet Joseph, a reçu une délégation des Bahamas pour redynamiser la coopération agricole entre les deux pays. Cette rencontre avec le Chargé d’Affaires des Bahamas en Haïti, M. Julian Smith, et le Vice-consul Theodore Russell visait à renforcer les liens dans le domaine de l’agriculture et de la pêche, en activant un Protocole d’Accord signé en 2014. L’objectif affiché : intensifier les échanges commerciaux et la coopération technique entre les deux nations.

Cependant, cette initiative s’inscrit dans un contexte préoccupant pour la production agricole locale. Si la coopération internationale est essentielle pour le développement d’un pays, l’on ne peut ignorer que, parallèlement, la crise alimentaire en Haïti ne cesse de s’aggraver. En effet, alors que le ministre multiplie les partenariats, la situation des paysans haïtiens ne fait que se détériorer. Les agriculteurs du pays, qui devraient être au cœur des préoccupations du gouvernement, se trouvent souvent délaissés, sans véritable soutien pour la relance de la production nationale.

L’activation de ce protocole avec les Bahamas, bien qu’un signe de dynamisme diplomatique, soulève la question de l’impact réel de ces coopérations pour la population haïtienne. En effet, la priorité donnée à ces partenariats semble occulter les besoins immédiats de ceux qui travaillent la terre haïtienne, pour qui l’accès aux ressources, aux formations techniques et à un marché stable reste un défi quotidien.

Le ministre Vernet Joseph a d’ailleurs annoncé la création d’une Commission technique bipartite pour mettre en œuvre le Protocole de 2014, avec le soutien du ministre du Commerce, M. James Monazard. Toutefois, dans ce contexte de crise alimentaire persistante, le doute subsiste quant à l’efficacité de ces projets pour répondre aux réels besoins des Haïtiens. La question qui se pose alors est la suivante : cette coopération est-elle véritablement bénéfique pour la population, ou n’est-elle qu’une façade masquant le manque de soutien à l’agriculture nationale ?

En fin de compte, bien que la relance de la coopération avec les Bahamas puisse être perçue comme un levier stratégique pour renforcer les relations économiques, elle ne doit pas faire oublier que la priorité devrait être la mise en place de solutions locales pour résoudre la crise alimentaire qui frappe de plein fouet le pays. Les Haïtiens attendent des actions concrètes en faveur de l’agriculture locale, plutôt que des initiatives diplomatiques qui semblent, pour le moment, trop éloignées des besoins urgents du secteur.

Mozard Lombard,

[email protected]

Total
0
Shares
Related Posts