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Le 4 décembre 2024, une page historique s’est tournée pour Haïti et d’autres nations des Caraïbes et d’Amérique latine. Lors de la 19e session du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO à Asunción, au Paraguay, la cassave, galette traditionnelle issue du manioc, a été inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Cette inscription multinationale, fruit d’une collaboration entre Haïti, Cuba, le Honduras, la République dominicaine et le Venezuela, met en lumière le rôle central de la cassave dans la préservation des traditions culinaires et culturelles. Pour Haïti, cette reconnaissance est bien plus qu’un hommage à une pratique ancestrale : elle constitue une fierté nationale et un levier pour renforcer l’identité et l’économie locales.
Un savoir-faire ancestral : entre histoire et modernité
La cassave, galette fine ou épaisse à base de manioc, a traversé les siècles comme un aliment de base, nourrissant des générations à travers les Amériques. En Haïti, elle est bien plus qu’un simple plat : sa production et sa consommation racontent l’histoire de communautés rurales et d’artisans qui perpétuent ce savoir-faire transmis de génération en génération.
“Fabriquer de la cassave, ce n’est pas juste cuisiner. C’est honorer nos ancêtres et nourrir nos familles avec amour et fierté,” témoigne Yvonne Lucien, une productrice de cassave de Léogâne. Selon elle, cette reconnaissance mondiale pourrait dynamiser l’intérêt pour ce produit traditionnel et encourager une nouvelle génération à s’investir dans cette pratique.
Un moteur pour l’économie locale
La cassave est également un pilier économique pour de nombreuses régions haïtiennes. Des producteurs comme Yvonne travaillent quotidiennement pour répondre à une demande croissante, tant au niveau local qu’international.
“Nous espérons que cette inscription attirera davantage de soutien pour les petits producteurs,” déclare Frantz Jean-Baptiste, coordinateur d’une coopérative de producteurs dans le Plateau central. Pour lui, la mise en valeur de la cassave peut stimuler les investissements dans l’agriculture, améliorer les infrastructures locales et encourager le tourisme culinaire.
Une reconnaissance issue d’un long processus
Le ministère de la culture et de la communication (MCC), en partenariat avec la direction du patrimoine culturel, l’université d’État d’Haïti et la délégation haïtienne auprès de l’UNESCO, a joué un rôle clé dans ce processus. Depuis 2013, où le savoir-faire autour de la cassave a été inscrit à l’inventaire national, jusqu’à son inclusion en 2021 dans le registre du patrimoine culturel immatériel d’Haïti, ce projet a mobilisé de nombreux acteurs.
Le ministre de la culture, Patrick Delatour, souligne : “Cette inscription est le résultat d’un travail collectif qui démontre l’importance de la coopération régionale pour préserver notre patrimoine commun.”
Une victoire symbolique pour Haïti
Dans une année dédiée à la mémoire et au patrimoine, cette reconnaissance internationale est porteuse d’espoir pour un pays qui lutte encore avec des défis économiques et sociaux majeurs. Elle illustre également l’impact positif que peut avoir la sauvegarde du patrimoine immatériel sur la cohésion sociale et le rayonnement international d’Haïti.
“C’est une opportunité pour nous de renforcer notre identité et de montrer au monde que notre culture est vivante, résiliente et porteuse d’avenir,” ajoute le ministre.
Regard vers l’avenir : valoriser et transmettre
Le MCC appelle à une mobilisation pour continuer à préserver et valoriser ce patrimoine, tant au niveau local qu’international. Cela passe par :
Le soutien aux producteurs : renforcer leurs capacités et leurs revenus.
L’éducation des jeunes générations : intégrer ce savoir-faire dans les écoles ou les initiatives communautaires.
Le développement du tourisme culturel : promouvoir des circuits autour des produits traditionnels.
En inscrivant la cassave sur la liste mondiale, Haïti ne célèbre pas seulement son passé, mais regarde aussi vers l’avenir. Ce trésor culturel est désormais un pont entre les générations, un levier économique et un symbole de l’ingéniosité haïtienne.
Avec cette reconnaissance mondiale, la cassave ne se limite plus à nourrir les corps : elle nourrit aussi l’âme et l’identité d’un peuple, et elle invite le monde à découvrir la richesse du patrimoine haïtien.
Rédaction: Zantray News