Le plus récent rapport trimestriel du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) continue de provoquer de fortes réactions, particulièrement en raison de son traitement du dossier concernant le commissaire du gouvernement de Miragoâne, Jean Ernest Muscadin. Présenté dans le document comme acteur central d’incidents violents, le commissaire — souvent décrit localement comme le « Sauveur du Grand Sud face à l’Empire des gangs » — fait l’objet de critiques que plusieurs voix jugent injustes ou inutiles.
Le BINUH rapporte notamment un épisode survenu le 23 juillet dans la commune de Miragoâne, au cours duquel un homme armé aurait été abattu par le commissaire. Une présentation que dénoncent certains habitants et observateurs, estimant que le rapport omet un élément essentiel : selon eux, si la région n’est pas tombée entre les mains de groupes armés, c’est précisément grâce à la détermination et à la bravoure de Jean Ernest Muscadin. Pour ces défenseurs, le travail du commissaire a permis de préserver quatre départements — les Nippes, le Sud, le Sud-Est et la Grand’Anse — d’un sort similaire à celui de plusieurs zones du pays aujourd’hui sous contrôle de gangs.
Selon ces mêmes observateurs, si le Grand Sud n’a pas connu le chaos de Martissant, du centre-ville de Port-au-Prince, de Croix-des-Bouquets, de Canaan, de Mirebalais, de Kenscoff ou encore de l’Artibonite, c’est en grande partie grâce à l’intrépidité du commissaire. Pour eux, la situation sécuritaire nationale serait probablement différente « s’il y avait au moins un Muscadin par département ». Ils dénoncent ainsi le fait que, pendant que le BINUH « crache sur le courage du commissaire », des bandits lourdement armés continuent de terroriser diverses régions du pays.
Le rapport onusien soutient par ailleurs que, lors du trimestre précédent, Jean Ernest Muscadin aurait exécuté 27 personnes « en toute impunité ». Des chiffres livrés sans éléments contextuels supplémentaires, ce qui suscite de nombreuses interrogations sur la méthodologie employée et sur l’équilibre général de l’analyse du BINUH concernant la situation sécuritaire dans les Nippes.
Plusieurs observateurs locaux estiment en effet que le document manque de nuances et ne tient pas suffisamment compte de la réalité du terrain à Miragoâne, où les autorités judiciaires et policières évoluent quotidiennement sous la menace permanente d’hommes armés. Le fait de concentrer l’attention sur le seul commissaire Muscadin, en se limitant à quelques données isolées, est perçu comme une approche sélective ne reflétant pas la complexité du contexte.
En mettant en avant ces accusations sans approfondir davantage ni évaluer l’environnement sécuritaire dans lequel elles s’inscrivent, le BINUH s’expose ainsi à de multiples critiques. Pour ses détracteurs, seul un travail plus rigoureux, plus équilibré et plus exhaustif permettrait de comprendre les véritables enjeux auxquels font face les autorités locales de Miragoâne, et d’appréhender avec justesse les dynamiques sécuritaires qui marquent aujourd’hui le Grand Sud.
Mozard Lombard,
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