Quatre ans jour pour jour après l’assassinat du président Jovenel Moïse, une coalition inédite se forme pour proposer une alternative crédible à l’impasse politique et sécuritaire dans laquelle est plongé le pays. Baptisée Initiative Patriotique du 7 juillet (IP7), cette plateforme regroupe partis politiques, organisations de la société civile, étudiants, communautés religieuses, paysans, syndicats et personnalités indépendantes, tant en Haïti que dans la diaspora.
Face à un pouvoir qu’elle qualifie d’illégitime, corrompu et complice des gangs armés, l’IP7 lance un appel solennel pour une rupture immédiate avec le statu quo. Elle propose la mise en place d’un gouvernement provisoire de consensus capable de restaurer l’autorité de l’État, rétablir la sécurité et poser les fondements d’une véritable transition démocratique.
Un diagnostic sans complaisance
Le document de neuf pages dresse un état des lieux implacable : depuis le « coup d’État manqué » de février 2021 jusqu’à l’assassinat du président Moïse, les institutions républicaines n’ont cessé de se déliter. Le Conseil présidentiel de transition (CPT), mis en place en avril 2024 sous l’égide de la CARICOM, est accusé de connivence avec des réseaux mafieux transnationaux, notamment dans les domaines du trafic de drogue, d’armes et d’organes humains.
L’IP7 estime que le peuple haïtien est aujourd’hui abandonné, pris en otage par des élites politiques et judiciaires ayant dévoyé la Constitution pour asseoir leur pouvoir. L’actuel Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé est explicitement désigné comme l’un des principaux bénéficiaires de ce qu’elle qualifie de « coup d’État sanglant ».
Un projet de transition audacieux
Pour sortir du chaos, l’IP7 propose une feuille de route articulée en trois grands axes :
1. Mise en place d’un gouvernement provisoire :
• Démission immédiate du CPT et du gouvernement Fils-Aimé.
• Nomination d’un Premier ministre de consensus après une période intérimaire.
• Formation d’un cabinet provisoire chargé de restaurer l’autorité de l’État.
2. Création d’un Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG) :
• Suivi strict de la feuille de route.
• Restauration de la sécurité sans recours à une force étrangère.
• Mise en place d’un Conseil électoral provisoire chargé d’organiser un référendum constitutionnel et des élections générales.
3. Mandat du gouvernement provisoire :
• Relance des projets abandonnés de l’administration Moïse.
• Lutte contre la corruption, la contrebande et l’impunité.
• Réformes économiques, sociales et judiciaires.
• Organisation d’une conférence nationale pour définir un projet commun de transformation du pays.
Une vision claire : remettre Haïti sur les rails
L’IP7 insiste sur la nécessité de réformes structurelles pour attirer des investissements, favoriser l’entrepreneuriat local, renforcer le système de santé, relancer l’agriculture et garantir un procès équitable sur le scandale PetroCaribe. L’éducation, l’emploi des jeunes et les droits fondamentaux figurent aussi en bonne place dans cette vision de redressement.
Dans un contexte de crise aigüe depuis plus de 47 mois, où la société civile peine à se faire entendre, l’Initiative du 7 juillet se veut un signal d’espoir. Un sursaut patriotique.
Une signature politique : l’engagement de plusieurs acteurs
Parmi les premiers signataires de cette proposition figurent Jonas Coffy et Stevens Grégor Gabriel pour la plateforme Platfòm Ayisyen Pou Ayiti (PAPA), ainsi que Jackswannde Étienne de Repons Patriyotik (REPA). Ce geste symbolique vise à marquer une rupture avec les dérives passées et à fédérer un large front démocratique autour d’un objectif commun : redonner un avenir à Haïti.
L’Initiative Patriotique du 7 juillet (IP7) ne se contente pas de dénoncer ; elle propose. Elle mise sur une transition ordonnée, une gouvernance éthique et une refondation nationale. En misant sur la lucidité, le courage politique et l’unité des forces vives, elle tente de réconcilier la nation avec elle-même. Reste à savoir si, dans un pays usé par la désillusion, cette voie alternative trouvera l’écho qu’elle mérite.
Rédaction : Zantray News