Alors que la traite des personnes demeure l’une des réalités les plus sombres du pays, le Gouvernement haïtien s’est une nouvelle fois offert une tribune internationale. À New York, lors de la Réunion de Haut Niveau de l’Assemblée générale des Nations unies, les 24 et 25 novembre 2025, le Ministre des Affaires Sociales et du Travail, Georges Wilbert FRANCK, a représenté Haïti pour dresser un bilan qu’il présente comme encourageant. Une déclaration qui soulève pourtant de nombreuses interrogations.
À la tribune, le Ministre a salué « les avancées significatives » enregistrées mondialement, tout en insistant sur les supposés efforts consentis par l’État haïtien en matière de lutte contre la traite. Il cite pêle-mêle un renforcement du cadre juridique, le financement d’activités de prévention et de poursuite, ainsi que l’adoption d’un Document de Stratégie Nationale pour la période 2025-2035. Mais au-delà de ce discours bien rodé, aucune précision n’est fournie sur l’impact réel de ces initiatives, ni sur la manière dont elles se traduisent concrètement dans un pays où les conditions favorisant la traite sont quotidiennement dénoncées.
Le Ministre affirme également que le Gouvernement et le Conseil présidentiel de transition sont engagés à « combattre cet acte odieux et déshumanisant sous toutes ses formes ». Pourtant, il se contente d’évoquer « des dispositions » visant à nouer des partenariats contre l’insécurité — l’un des principaux moteurs de la traite — sans expliquer comment ces partenariats seraient matérialisés, ni pourquoi les mesures présentées jusque-là n’ont pas permis d’enrayer le phénomène.
Sans surprise, la délégation haïtienne dirigée par M. FRANCK a donné son adhesion, sans réserve, à la Déclaration politique de 2025 sur l’application du Plan d’action mondial. Une signature de plus, pourrait-on dire, tant Haïti s’est habitué depuis des années à multiplier les engagements internationaux dont la mise en œuvre reste floue.
Accompagné du Président du Comité national de lutte contre la traite des personnes, André IBREUS, et du représentant du Protecteur du citoyen, Amoce AUGUSTE, le Ministre a affiché une unité institutionnelle qui peine pourtant à se traduire sur le terrain.
Une fois de plus, le Bureau de Communication du Ministère met en avant la participation d’Haïti à un événement international majeur. Mais pour beaucoup, cette présence ressemble davantage à une opération de communication qu’à un véritable tournant dans la lutte contre la traite des personnes. Reste à savoir si les engagements réaffirmés à New York seront — enfin — suivis d’effets.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com