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Haïti : Quand la propagande officialise la victoire des Grenadiers

Le communiqué diffusé le 18 novembre 2025 par la Présidence a tout d’un exercice de célébration officielle où l’autopromotion politique prend le pas sur l’essentiel : la performance sportive elle-même. Derrière les félicitations adressées par Son Excellence Monsieur Laurent Saint-Cyr, Président du Conseil Présidentiel de Transition, à l’équipe nationale masculine de football pour sa victoire contre le Nicaragua et sa qualification pour la Coupe du monde 2026, transparaît surtout une mise en scène politique prévisible et soigneusement calibrée.

En s’appropriant à ce point l’exploit des Grenadiers, le pouvoir semble une nouvelle fois chercher refuge dans les symboles. Le communiqué souligne avec insistance que cette qualification survient un 18 novembre, date de la Bataille de Vertières. L’intention est limpide : associer un succès sportif à un héritage historique pour fabriquer un récit de résilience nationale… sous le regard bienveillant du chef de la transition. Mais cette répétition martelée de « fierté profonde », de « communion nationale », ou encore de « nouvelle page de l’histoire » finit par sonner moins comme un hommage que comme une récupération.

Le texte multiplie les superlatifs pour qualifier l’équipe — « performance remarquable », « parcours exceptionnel », « engagement », « discipline », « détermination » — mais c’est pour mieux dérouler ensuite un discours politique préformaté sur « l’espoir », « la cohésion nationale » et la « conviction qu’ensemble, tout reste possible ». Autrement dit, le sport sert ici de tremplin à une narration institutionnelle qui, à force d’être répétée, s’épuise.

Le clou du spectacle vient lorsque le Président réaffirme « l’engagement de l’État à soutenir le sport haïtien ». Une promesse de plus, posée là sans précision, sans mesure concrète, sans le moindre début d’élément vérifiable. Une ligne creuse, comme tant d’autres, qui transforme un communiqué censé célébrer les joueurs en exercice d’autolégitimation.

Le slogan final — « Grenadiers, à l’Assaut! » — sonne alors comme le symbole d’un pouvoir plus prompt à brandir des mots qu’à poser des actes. Les Grenadiers ont remporté un match. La Présidence, elle, semble surtout tenter de remporter une bataille d’image.

Mozard Lombard,

mozardolombardo@gmail.com

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