Haïti : Pourquoi le Premier ministre Garry Conille ignore-t-il les sanctions internationales ?

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Depuis l’adoption de la résolution du 11 mars 2024 sous les auspices de la Caricom, stipulant l’exclusion des personnes sanctionnées de la gouvernance transitoire, la situation politique haïtienne semble évoluer dans une direction opposée. Alors que la résolution visait à écarter les figures impliquées dans des scandales de corruption ou de financement de gangs, la réalité actuelle montre une forte implication de certains de ces individus dans l’administration du Premier ministre Garry Conille.

La clause, qui conduit à l’exclusion du parti de l’ancien sénateur Guy Philippe, n’a visiblement pas empêché l’intégration de plusieurs personnalités sanctionnées dans le gouvernement. Des Barrons comme Laurent Salvador Lamothe, ancien Premier ministre, sanctionné par le Canada et les États-Unis pour corruption et financement de gangs armés, continue d’exercer une influence au sein de l’administration Conille.

L’ombre de Laurent Lamothe et d’autres figures sanctionnées

Selon plusieurs sources, la ministre des Affaires étrangères, Dominique Dupuy, aurait été nommé à son poste sur recommandation de Laurent Lamothe, malgré les sanctions qui le frappent. Contraint de quitter les États-Unis, Lamothe reste actif en coulisses, ses proches occupant des postes clés dans le gouvernement.

Des barrons comme Joseph Lambert et Youri Latortue, également sanctionnées, entretiennent de bonnes relations avec le Premier ministre Garry Conille. Le fils de Lambert, Bradley, fait partie du cabinet de Conille. Ils ont également réussi à placer un de leurs proches au sein du gouvernement, en la personne du ministre de la Défense, Bertier. De plus, leur influence s’étend jusqu’au Conseil présidentiel de transition, où Smith Augustin agit comme leur représentant.

L’influence des sanctionnés sur la gouvernance

La présence continue de ces personnalités sanctionnées soulève des questions sur l’engagement du gouvernement haïtien à respecter les mesures internationales. Kiko Saint-Rémy, beau-frère de l’ex-président Michel Martelly et lui-même sous sanctions pour trafic de drogue et financement de gangs, entretiendrait d’excellents rapports avec Conille.

Après une rencontre réconciliation, l’influence de Michel Martelly, considéré comme un nouveau des mentors de Conille, se fait également sentir. Fiché dans des rapports internationaux pour son rôle présumé dans la prolifération des gangs armés, Martelly, ainsi que d’autres personnalités sanctionnées comme l’ancien président Jocelerme Privert, semblent bénéficier d’une certaine indulgence au sein de la gouvernance actuelle.

Une gouvernance pragmatique ou complaisante ?

Ces liens étroits entre le Premier ministre Conille et les barrons sanctionnés soulèvent des interrogations quant à la solidité des mesures de sanctions internationales. Alors que ces sanctions visaient à purger la gouvernance haïtienne des individus accusés de déstabiliser le pays, leur influence continue à peser lourdement sur l’administration. La communauté internationale semble elle-silencieuse face à ces mêmes développements, laissant planer un doute sur l’efficacité et la pertinence de ces mesures.

Les citoyens haïtiens sont  en droit de se demander si ces sanctions ont encore une valeur réelle, ou si elles ne sont qu’une façade derrière laquelle les mêmes acteurs continuent de tirer les ficelles du peuple.

Rédaction: ZantrayNews

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