Getting your Trinity Audio player ready...
|
La transition politique en Haïti atteint un point de rupture, sous les critiques acerbes de nombreux partis politiques, qui dénoncent sans détour un Conseil Présidentiel de Transition (CPT) gangrené par la corruption, l’autoritarisme et une incompétence flagrante. Dans une note incendiaire rendue publique le 13 décembre 2024, des acteurs majeurs tels que Pitit Dessalines, le Collectif du 30 janvier, EDE/RED et d’autres entités politiques, ont tiré à boulets rouges sur le CPT et ses alliés, en particulier Fanmi Lavalas, accusés de saboter la transition au profit de leurs intérêts partisans. Les signataires appellent la CARICOM à intervenir d’urgence pour “enterrer l’Accord du 3 avril 2024” et déclarer “la caducité de la mission du CPT.
Un CPT discrédité par la corruption et l’inaction
Les accusations portées contre le CPT sont accablantes. Les signataires de la note dénoncent un “Conseil Présidentiel discrédité” par la présence de trois Conseillers-Présidents impliqués dans un scandale de corruption à la Banque Nationale de Crédit (BNC). Ces derniers, protégés par l’inaction de leurs pairs, incarnent selon les détracteurs une institution gangrenée, incapable de garantir les objectifs de la transition. Les massacres récents au Wharf Jérémie (près de 200 morts) et à Petite-Rivière de l’Artibonite, ainsi que l’impunité des groupes armés, témoignent d’une administration impuissante à rétablir l’ordre.
Les signataires accusent également le CPT de décisions unilatérales désastreuses, notamment le limogeage arbitraire du Premier ministre Garry Conille et la nomination d’un gouvernement composé de proches alliés. “Ce CPT illégitime a échoué sur tous les fronts : il viole les termes de l’Accord, détruit la confiance populaire et réduit en cendres toute chance de stabilité,” martèlent-ils.
Fanmi Lavalas, symbole d’un pouvoir vorace et vieillissant
Les critiques à l’égard de Fanmi Lavalas sont particulièrement virulentes. Qualifié de “vautour politique,” le parti est accusé d’avoir accaparé les postes stratégiques dans l’appareil d’État, au détriment de l’intérêt général. Cette mainmise est vue comme une tentative désespérée de Fanmi Lavalas de restaurer son pouvoir, malgré des décennies d’échecs électoraux.
Cependant, ce contrôle apparent masque une réalité préoccupante : Fanmi Lavalas est décrit comme un parti en fin de règne, miné par une gérontocratie dépassée. “Ce sont les anciens de 78, 80 ans qui dirigent Lavalas, illustrant une incapacité totale à se renouveler,” soulignent les critiques. Selon des observateurs, le seul visage jeune du parti serait son porte-parole, Dirogène, un fait qui souligne l’absence d’une relève crédible pour conduire la transition.
Des propositions pour sauver une transition en naufrage
Les parties prenantes appellent à des mesures drastiques pour éviter une implosion complète :
- Exclusion immédiate des conseillers corrompus : Les signataires exigent que les quatre Conseillers-Présidents non inculpés prennent leurs responsabilités et rompent publiquement avec leurs collègues impliqués dans le scandale de la BNC.
- Intervention de la CARICOM : Ils appellent le Groupe des Éminentes Personnalités de la CARICOM à organiser des pourparlers afin d’acter l’échec de l’Accord du 3 avril 2024 et de démanteler le CPT.
- Réorganisation politique : Ils prônent une consultation élargie avec tous les acteurs, y compris ceux non-signataires de l’Accord, pour établir une nouvelle gouvernance capable de rétablir l’ordre et d’assurer une transition crédible.
Un gouvernement accusé de masquer son échec
Les critiques ne se limitent pas au CPT. Les récentes nominations de proches à des postes diplomatiques sont décrites comme une tentative cynique de détourner l’attention des échecs cuisants de l’administration. Pendant que des massacres secouent le pays, “le CPT et le gouvernement se contentent de publier des communiqués creux, incapables de contrer l’escalade de la violence,” dénoncent les signataires.
La situation est jugée d’autant plus alarmante que, sous la pression des gangs, plusieurs institutions étatiques majeures, comme la Cour de Cassation et le Haut Commandement des Forces Armées, ne peuvent plus opérer normalement. “Le chaos est devenu la norme, et le CPT reste les bras croisés,” fustigent les critiques.
Une transition au bord de l’effondrement
Les consultations prévues avec la CARICOM, notamment une réunion virtuelle le 16 décembre 2024, pourraient être déterminantes pour l’avenir de la transition. Mais pour les signataires, l’heure n’est plus à l’attente. Ils exhortent à une mobilisation nationale pour renverser une transition en déroute, accusant le CPT de faire “perdre du temps, détruire des vies et plonger le pays dans un abîme de corruption.”
L’heure est grave : si le CPT ne parvient pas à redresser la barre, la transition pourrait bien signer la fin de tout espoir de stabilité pour Haïti.
Rédaction: Zantray News