Haïti : Le Conseil Présidentiel de Transition tente de convaincre en dépit de la crise grandissante

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Haïti traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire. L’insécurité s’aggrave de jour en jour, les gangs armés contrôlent désormais 85 % de la capitale, Port-au-Prince, et le pays fait face à un nombre sans cesse croissant de déplacés internes. Dans ce contexte chaotique, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), au pouvoir depuis plusieurs mois, semble se livrer à une bataille difficile pour maintenir un semblant de gouvernance.

Alors que les réunions du CPT se multiplient, le pays continue de sombrer dans l’anarchie. Dans un effort de communication destiné à masquer son impuissance face à l’ampleur de la crise, le CPT a publié une note publique détaillant ses principales activités pour la période du 10 au 14 mars 2025. Pourtant, ces initiatives, aussi nombreuses soient-elles, semblent bien insuffisantes face à l’ampleur des défis auxquels Haïti est confronté.

Des annonces qui peinent à convaincre

Parmi les initiatives annoncées, le CPT se targue de la mise en place d’un Centre de Doléances, destiné à recueillir les plaintes des citoyens concernant trois institutions publiques majeures : la Direction Générale des Impôts, l’Administration Générale des Douanes, et le Service de l’Immigration. Ce centre, dont le lancement est prévu dans trois semaines, sera censé permettre un traitement rapide des réclamations grâce à un système informatique optimisé. Toutefois, face à l’ampleur de l’insécurité et à l’effondrement des services publics, cette mesure semble dérisoire.

D’autres actions ont également été présentées, telles que des rencontres avec le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), visant à renforcer l’indépendance du système judiciaire et à restaurer la confiance des citoyens. Une attention particulière a été donnée au budget rectificatif, notamment pour le soutien aux opérations sécuritaires et le renforcement de l’armée. Mais dans un pays où les gangs contrôlent une grande partie du territoire et où l’État semble défaillant, ces réunions ne suffisent pas à rassurer la population.

Un partenariat international en quête de résultats

Les rencontres internationales occupent également une place importante dans les annonces du CPT. Le président du Conseil, SEM Fritz Alphonse Jean, a rencontré le chargé d’affaires du Mexique pour discuter du renforcement des capacités de l’armée haïtienne. Il a été convenu d’intensifier la formation des soldats haïtiens dans le cadre d’un programme de coopération militaire. Ce partenariat, bien qu’important, ne fait que souligner l’incapacité de l’État haïtien à assurer seul la sécurité de son territoire.

De même, une participation à une réunion avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a permis de discuter de la modernisation de la Radio Télévision Nationale d’Haïti (RTNH) et des préparatifs pour les élections prévues à la fin de l’année 2025. Cependant, avec des gangs armés qui sévissent librement dans les rues, l’annonce d’une reconversion de la RTNH semble anecdotique.

Une situation toujours plus inquiétante

En dépit de ces annonces, Haïti reste un pays sans véritable gouvernance, où les institutions sont pratiquement inexistantes sur le terrain. La multiplication des réunions et des promesses n’a pas encore permis de freiner l’avancée des gangs ni de répondre aux besoins urgents de la population. Le Conseil Présidentiel de Transition semble davantage préoccupé par son image qu’une réelle gestion de la crise qui frappe le pays.

À quelques mois du renouvellement politique prévu pour le 7 février 2026, les Haïtiens se demandent si un jour ils pourront retrouver une stabilité, ou si le pays continuera de sombrer sous l’emprise de la violence et de la corruption.

Mozard Lombard,

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