Haïti : Le Conseil Présidentiel de Transition met la charrue avant les bœufs face à la crise sécuritaire

Getting your Trinity Audio player ready...

Haïti continue de sombrer dans une spirale de violence et d’insécurité qui paralyse pratiquement toutes les activités du pays. Alors que les bandits armés règnent en maîtres et que la population souffre dans une impasse, les autorités semblent, elles, se concentrer sur des questions qui paraissent secondaires en comparaison de l’urgence sécuritaire.

Le dernier exemple en date est la convocation par Fritz Alphonse Jean, Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), des responsables de l’Office National de l’Aviation Civile (OFNAC) et de l’Autorité Aéroportuaire Nationale (AAN). L’objectif ? Faire le point sur la réouverture de l’aéroport international Toussaint Louverture, un dossier qui divise et soulève des questions sur la priorité des actions des autorités face à l’ampleur de la crise actuelle.

Une réouverture précipitée ?

Alors que la situation sécuritaire demeure une préoccupation majeure pour les Haïtiens, le Président du CPT semble mettre la charrue avant les bœufs en concentrant ses efforts sur la réouverture de l’aéroport. En effet, la priorité de la population n’est-elle pas d’abord de pouvoir vaquer à ses occupations quotidiennes en toute sécurité ? Si les autorités ne parviennent pas à résoudre le problème de l’insécurité, de nombreuses écoles resteront fermées dans plusieurs quartiers de la capitale et dans l’Artibonite, et l’aéroport international restera, de toute manière, exposé à de grands risques.

Pourtant, lors de la session de travail entre le CPT et les responsables de l’OFNAC et de l’AAN, plusieurs obstacles ont été mis en lumière. Parmi les défis à relever figurent les exigences de sécurité imposées par la FAA (Federal Aviation Administration), qui imposent un périmètre de 2 miles autour de l’aéroport, ainsi que les coûts d’assurance exorbitants, classant l’aéroport en « zone de guerre ». De plus, les travaux de la tour de contrôle ont été interrompus, nécessitant des garanties de sécurité pour les techniciens.

La situation actuelle de l’aéroport

Il convient de rappeler que l’aéroport international Toussaint Louverture n’est pas totalement fermé, bien qu’il soit soumis à certaines restrictions. Depuis le 11 novembre 2024, l’aéroport continue d’accueillir des vols cargo, militaires, charter et vers l’Amérique du Sud, mais il reste éloigné des vols commerciaux réguliers.

Le CPT a, par ailleurs, souligné l’importance de mieux informer la population sur la situation et a évoqué l’intérêt de compagnies aériennes comme Spirit et JetBlue pour la reprise des vols vers Cap-Haïtien, après une visite d’évaluation récente par la TSA (Transportation Security Administration).

Un défi majeur : la sécurité avant tout

La réouverture de l’aéroport, tout en étant importante pour la relance économique et la connectivité internationale du pays, ne peut se faire que dans un contexte sécurisé. Tant que la crise sécuritaire perdure, il semble illusoire de se concentrer sur des projets de grande envergure comme la réouverture totale de l’aéroport sans d’abord restaurer un minimum de sécurité dans le pays. Haïti doit, plus que jamais, mettre en place des mesures efficaces pour lutter contre la violence et la criminalité afin de garantir à ses citoyens un environnement où ils puissent vivre et travailler en paix.

Les discussions sur l’aéroport, bien que nécessaires, risquent de sembler déconnectées des réalités de la population tant que l’insécurité restera la principale menace pour les Haïtiens. La priorité devrait donc être de rétablir la sécurité, sans quoi tout autre progrès sera vain.

Mozard Lombard,

[email protected]

Total
0
Shares
Related Posts