Haïti : La justice face à un scandale de corruption impliquant des conseillers présidentiels

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La lutte contre la corruption en Haïti semble s’enfoncer davantage dans une impasse. Un nouveau dossier judiciaire explosive met en évidence des allégations graves de corruption contre des hauts responsables. Emmanuel Vertilaire, Louis Gérald Gilles et Smith Augustin, tous trois conseillers présidentiels du Conseil Présidentiel de la Transition (CPT), font l’objet d’accusations sérieuses émanant d’un rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC).

Le Parquet près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, par un réquisitoire en date du 4 octobre 2024, avait requis l’ouverture d’une information judiciaire sur des faits présumés d’abus de fonction, de versement de pots-de-vin et de corruption passive. Le juge d’instruction en charge du dossier avait alors émis des mandats de comparution contre les accusés, une mesure qui a suscité une réaction immédiate d’Emmanuel Vertilaire. Ce dernier a interjeté appel, contestant la compétence du juge pour statuer sur l’affaire.

Dans sa requête, Emmanuel Vertilaire avance que, étant membre du Conseil Présidentiel de Transition, il bénéficie du privilège de juridiction réservé au président de la République. Il soutient que les décrets du 10 avril et du 23 mai 2024, qui organisent le fonctionnement du CPT, confèrent aux conseillers présidentiels un statut présidentiel collégial.

Face à cette situation, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) dénonce des tentatives flagrantes d’entraver la justice. Dans une correspondance adressée au ministre de la Justice, Patrick Pelissier, l’organisme révèle que le commissaire du gouvernement près la Cour d’appel de Port-au-Prince, Claude Jean, aurait tenu plusieurs réunions avec les accusés, soulevant des soupçons de collusion. Selon le RNDDH, ces actions visent à annuler les mandats de comparution et à protéger les intérêts des élites au détriment de la lutte contre la corruption.

Ce dossier met en lumière les tensions systémiques qui minent le système judiciaire haïtien. La stratégie d’Emmanuel Vertilaire et des autres accusés soulève des interrogations sur l’état de droit et l’équité de la justice. Le RNDDH, ainsi que d’autres organisations, exhortent le ministre de la Justice à adopter une position ferme pour restaurer la crédibilité du système judiciaire.

Haïti, signataire de la Convention des Nations Unies contre la corruption, se trouve dans une posture délicate vis-à-vis de la communauté internationale. Les dérives actuelles renforcent l’impression d’une justice manipulée, alimentant la méfiance de la population envers les institutions publiques. Si aucune action corrective n’est entreprise, le pays risque de s’enfoncer davantage dans une crise institutionnelle et économique.

Le peuple haïtien attend une justice impartiale et transparente, un espoir qui s’amenuise face à des scandales de cette ampleur. Le ministre Patrick Pelissier, en tant que premier conseiller en matière de justice, porte la responsabilité de restaurer l’intégrité du système judiciaire et d’éviter que l’impunité ne devienne la norme.

Rédaction : Zantray News

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