Une onde d’indignation secoue la société civile haïtienne après la révélation d’un accord controversé entre le gouvernement haïtien et une société de sécurité privée américaine. Selon une lettre ouverte publiée ce lundi 18 août par le Réseau National des Jeunes d’Haïti (RENAJ-Haïti), cet accord confierait à des mercenaires étrangers la gestion et le contrôle d’institutions stratégiques du pays, notamment les ports, la douane et même la sécurité nationale.
Un contrat perçu comme une « trahison nationale »
Dans son texte, le RENAJ-Haïti, par la voix du Révérend Père Jin Carlo Pierre, condamne fermement ce qu’il qualifie de « mainmise des mercenaires étrangers sur notre pays ». Pour l’organisation, la présence de forces privées armées n’a rien à voir avec la lutte contre l’insécurité :
« Confier Haïti à des mercenaires, ce n’est pas lutter contre l’insécurité, c’est livrer Haïti aux mains d’intérêts étrangers », souligne la lettre.
Le réseau rappelle que ni la sécurité intérieure, ni le commerce, ni les frontières ne peuvent être confiés à des entités qui n’obéissent pas à la loi haïtienne ni à la volonté du peuple. Une telle démarche, selon eux, constitue à la fois une trahison des citoyens et une atteinte directe à l’indépendance nationale.
L’appel à une aide internationale différente
Le RENAJ-Haïti reconnaît toutefois que le pays a plus que jamais besoin d’une aide internationale pour faire face au contrôle des gangs sur le territoire. Mais il insiste sur une nuance cruciale : cette aide doit être encadrée, transparente, respectueuse de la souveraineté nationale et orientée vers le bien-être du peuple haïtien, et non vers les profits d’entreprises privées étrangères.
« Oui, Haïti a besoin de soutien, mais pas au prix de sa dignité et de son indépendance », martèle le comité exécutif.
Un appel à la mobilisation nationale
Au-delà de la dénonciation, l’organisation appelle le gouvernement à suspendre immédiatement cet accord et à ouvrir un dialogue national incluant les forces vives de la nation. Le RENAJ plaide pour un processus impliquant les institutions légitimes et sollicitant un appui international responsable, en rupture avec les solutions imposées de l’extérieur.
Aux citoyens, le message est clair : vigilance et mobilisation.
« Refusons que notre pays devienne la propriété de mercenaires », exhorte la lettre, tout en appelant à une union patriotique pour protéger la souveraineté nationale.
Entre sécurité et souveraineté : un dilemme permanent
La position du RENAJ-Haïti illustre un dilemme central de la crise haïtienne : comment restaurer la sécurité et l’autorité de l’État sans céder la souveraineté nationale à des forces étrangères ? Si l’appel à l’aide internationale est incontournable dans un pays ravagé par la violence des gangs, la question demeure sur la nature, les conditions et les bénéficiaires de cette assistance.
Au final, le RENAJ-Haïti place la barre haut : il ne s’agit pas seulement de lutter contre l’insécurité, mais aussi de préserver l’âme même de la nation haïtienne – sa liberté et son indépendance, conquises au prix du sang de ses ancêtres.
Rédaction : Zantray News Haïti