Encore une fois, le gouvernement de transition s’offre une vitrine de bonne conscience. Ce jeudi 6 novembre 2025, le Conseiller-Président Frinel Joseph a pris part au Forum d’engagement du secteur privé dans la réduction de la violence communautaire, organisé dans le cadre du fameux Plan d’Action National sur le Désarmement, le Démantèlement, la Réinsertion et la Réduction de la Violence Communautaire (DDR-RVC).
Un intitulé à rallonge pour un plan dont la portée réelle reste, au mieux, hypothétique. Pendant que les représentants du secteur public et privé — parmi eux Yvener Neptune, coordonnateur de la Task Force, Marie Goretti Nduwayo d’ONU Femmes, James Monazard du Commerce et Pedrica Saint Jean de la Condition Féminine — multiplient les discours, la population, elle, continue de vivre dans la peur, otage d’une violence qui ne se réduit qu’en théorie.
Dans son allocution, Frinel Joseph a prêché la paix, la protection et le respect des citoyens. De belles paroles, déjà entendues mille fois. Il a rappelé que le retour à l’ordre constitutionnel dépend d’un climat de sécurité, oubliant de préciser que cet « ordre » n’a jamais été aussi lointain. Le Plan DDR-RVC, présenté comme un levier pour la paix et le développement, n’en demeure pas moins un dispositif bureaucratique sans moyens concrets, sans calendrier clair, sans ancrage réel dans les quartiers ravagés par les gangs.
L’appel à « l’implication accrue du secteur privé » dans la réinsertion des jeunes et la reconstruction communautaire ressemble à une fuite en avant : c’est demander au secteur économique, déjà exsangue, de pallier les carences d’un État absent. La réinsertion des jeunes ? Une promesse répétée à chaque forum, sans programmes tangibles, sans budget, sans volonté politique.
Et comme à chaque occasion, le Conseiller-Président a conclu en réaffirmant « l’engagement du Conseil Présidentiel de Transition à soutenir les initiatives pour renforcer la sécurité, la gouvernance locale et le climat des affaires ». Des mots vidés de sens, usés par la répétition. Car sur le terrain, ni la sécurité, ni la gouvernance, ni le climat des affaires ne montrent le moindre signe d’amélioration.
En réalité, ce forum n’aura été qu’un théâtre de plus, où l’élite politique se félicite de sa propre inertie. Pendant que les officiels discourent sur la « paix communautaire », les communautés, elles, enterrent encore leurs morts.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com