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Faire de la politique, c’est réconcilier l’action publique avec les aspirations des citoyens. Dans un contexte mondial où l’indifférence menace la démocratie, l’engagement politique doit redevenir un vecteur de participation et de transformation collective. Mais en Haïti, ce défi revêt une dimension particulière, marquée par des crises structurelles, des attentes sociales immenses et une méfiance généralisée envers les institutions publiques.
Origines de cette réflexion
Ce texte s’appuie sur un mémoire de fin d’études en philosophie réalisé par l’ancien séminariste C.J en 2007 au Grand Séminaire de Cazeau. Initialement, ce mémoire explorait les liens entre foi et raison à travers plusieurs angles : duel, complémentarité et point de rencontre. Il démontre que foi et raison, loin de s’exclure, peuvent coexister en harmonie, éclairant ainsi les grandes questions existentielles et enrichissant la compréhension humaine. Revisité par l’auteur, ce travail aborde désormais les défis politiques actuels en Haïti, montrant comment foi et raison peuvent inspirer des solutions adaptées à des contextes complexes. Aujourd’hui, l’ancien séminariste C.J approfondit ces réflexions en travaillant sur d’autres textes liant politique et foi. Ses analyses mettent en lumière les notions de leadership, de solidarité et de justice sociale, tout en annonçant des perspectives concrètes pour un changement durable en Haïti. La vision de l’auteur propose une union entre foi et politique, au service du bien commun. Restez connectés pour découvrir ses prochains articles, qui continueront d’explorer ces thématiques essentielles et leurs implications pour l’avenir d’Haïti.
Écouter et associer : une nécessité dans le contexte haïtien
Faire de la politique en Haïti, c’est avant tout écouter. Dans un pays où les inégalités sont criantes et où les citoyens se sentent souvent exclus des processus décisionnels, l’écoute constitue une étape cruciale pour rétablir la confiance. Écouter, c’est reconnaître les souffrances, les aspirations et les frustrations des Haïtiens. Trop souvent, leurs doléances sont ignorées. Un geste simple, comme accorder une oreille attentive, peut redonner espoir et dignité à ceux qui se sentent abandonnés par leurs représentants.
Associer les citoyens à l’action publique est tout aussi fondamental. Dans un pays où l’individualisme est souvent exacerbé par la lutte pour la survie, créer des communautés d’action collective représente un défi de taille. Pourtant, c’est en construisant des solidarités locales et en intégrant les citoyens dans les décisions qui les concernent que la politique peut retrouver son rôle transformateur.
Donner envie d’agir malgré les défis
En Haïti, encourager l’engagement citoyen requiert une énergie particulière. Désillusionnés par des décennies de promesses non tenues, les citoyens hésitent à croire en la possibilité du changement. Pourtant, des actions simples peuvent raviver cette flamme. Par exemple, inciter un jeune à s’engager dans une organisation communautaire ou encourager des femmes à se mobiliser pour des projets locaux sont des gestes concrets qui renforcent la société civile.
Dans un environnement où la politique est souvent perçue comme un lieu de corruption et d’opportunisme, réhabiliter cette pratique est essentiel. Affirmer : « Si je suis élu, ce n’est ni pour me servir, ni pour asservir, mais pour servir », rappelle que la politique, même en Haïti, peut être un espace de transformation positive.
Servir en Haïti : un acte de résilience collective
Faire de la politique en Haïti ne peut se limiter à la gestion des crises ponctuelles. C’est une démarche exigeante, où l’éthique du service doit primer. Cela implique de répondre aux besoins essentiels tout en construisant des systèmes qui rendent les citoyens plus autonomes. Refuser l’assistanat, encourager l’autonomie et promouvoir des initiatives locales permettent de bâtir des communautés plus fortes.
Dans un pays confronté à des défis omniprésents — instabilité politique, pauvreté, catastrophes naturelles, insécurité —, l’action politique doit s’appuyer sur des valeurs humaines et spirituelles. Ces valeurs, telles que la solidarité, la justice et l’humilité, peuvent inspirer une pratique politique ancrée dans le bien commun.
Faire de la politique en Haïti : dépasser le fatalisme
La résignation est l’un des plus grands obstacles au progrès en Haïti. Trop souvent, les citoyens sont tentés de penser que rien ne changera, que leurs efforts sont vains. Pourtant, la parabole des talents, évoquée dans l’Évangile de Luc (Luc 19, 12-27), offre une leçon pertinente pour la réalité haïtienne : elle invite chacun à ne pas enterrer ses talents, mais à les mettre au service de la communauté.
La résignation est l’un des plus grands obstacles au progrès en Haïti. Trop souvent, les citoyens croient que rien ne peut changer. Pourtant, l’Évangile offre une leçon pertinente pour cette réalité : la parabole des talents (Luc 19, 12-27). Elle nous invite à ne pas enterrer nos dons, mais à les mettre au service de la communauté.
Réhabiliter la politique pour Haïti et au-delà
Dans un pays où la méfiance envers les institutions est omniprésente, réhabiliter la politique est un enjeu crucial. Comme l’affirmait le pape Pie XI : « Faire de la politique, c’est la forme évoluée de la charité. » En Haïti, où les besoins sont immenses, cette vision de la politique comme service désintéressé est essentielle pour répondre aux aspirations des citoyens.
Les dirigeants haïtiens, tout comme les acteurs locaux, doivent repenser leur engagement. La politique ne doit pas être un espace de pouvoir personnel, mais un lieu de transformation collective. Saint Paul, dans son épître aux Romains(12, 2), nous rappelle que cette transformation passe par un renouvellement de notre jugement et par la recherche du bien commun.
Réhabiliter la politique en Haïti est un défi immense, mais aussi une opportunité unique. Dans un pays en quête de sens et de justice, faire de la politique au quotidien est une tâche passionnante, exigeante et nécessaire. C’est un appel à résister à la fatalité et à construire, pas à pas, une société où chacun peut trouver sa place et contribuer au bien commun.
L’ancien séminariste C.J