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En Haïti, la corruption dépasse le stade de simple anomalie : elle est devenue le socle même du pouvoir au sommet de l’État. Les scandales récents impliquant trois conseillers présidentiels accusés de détournement de fonds et d’abus de pouvoir révèlent une réalité implacable : les élites corrompues se soutiennent mutuellement pour conserver le contrôle de l’État, quitte à sacrifier le pays. Cette coalition, marquée par des vols, des pots-de-vin, des assassinats et des crimes financiers, représente une menace existentielle pour Haïti.
Un système cimenté par la solidarité dans la corruption
Les trois conseillers présidentiels ( Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles) impliqués dans le scandale de la Banque Nationale de Crédit (BNC), une affaire de détournement massif de fonds publics, bénéficient d’un soutien sans faille de leurs collègues du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Au lieu de chercher à les écarter, les membres du CPT ont choisi de les protéger, refusant de prendre la moindre mesure malgré les preuves accablantes.
Cette solidarité corrompue illustre un système où l’intérêt personnel prime sur le bien commun. La révocation de l’ancien Premier ministre Garry Conille par un vote de huit membres sur neuf au sein du CPT démontre que cette institution ne sert pas le peuple haïtien, mais les intérêts privés de ses membres. Ce vote souligne l’union des conseillers dans la corruption, non pour résoudre la crise nationale, mais pour remplir leurs poches en contrôlant les ministères et les directions générales.
Des marionnettes placées pour mieux piller
Les conseillers incriminés ne se contentent pas de protéger leurs postes : ils manipulent le système en nommant des alliés à des postes clés du gouvernement. Smith Augustin, accusé de corruption, a imposé un ministre des Affaires étrangères et un ministre de la Défense. Louis Gérald Gilles, déjà lié à des détournements de fonds, contrôle les nominations des ministres de la Santé et de la Condition féminine. Emmanuel Vertilaire, un autre conseiller inculpé, a placé ses proches aux ministères de la Justice et de l’Agriculture.
Cette stratégie de verrouillage ne s’arrête pas là. Les conseillers impliqués pourraient bientôt étendre leur emprise sur des institutions clés de la gestion économique et financière du pays, déjà gravement fragilisées par des scandales de corruption et une mauvaise gouvernance. Parmi ces institutions figurent la Direction Générale des Douanes (DGD) et la Direction Générale des Impôts (DGI), toutes deux responsables de la collecte des taxes essentielles au financement de l’État. La Banque Nationale de Crédit (BNC), déjà impliquée dans des détournements de fonds publics, ainsi que la Banque de la République d’Haïti (BRH), pilier du système financier national, ne sont pas épargnées par ces ambitions.
De même, des organismes stratégiques censés lutter contre la corruption, comme l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) et l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF), risquent d’être neutralisés sous leur contrôle. Si ces institutions tombent entre leurs mains, la lutte contre l’impunité deviendra une chimère, envenimant davantage la crise de gouvernance et aggravant l’effondrement structurel d’Haïti.Trafic d’influence et abus de pouvoir : un État capturé
Les conseillers incriminés exploitent leur pouvoir pour échapper à la justice. Les convocations judiciaires liées au scandale de la BNC sont contournées, tandis qu’aucune mesure n’est prise pour garantir la transparence. Leur trafic d’influence s’étend à la manipulation des gangs, alimentant une insécurité chronique et transformant Haïti en un État capturé par ses élites.
Le vote contre Conille est une preuve supplémentaire de cette capture de l’État : il a été écarté uniquement pour ne pas entraver les intérêts de ces conseillers, qui perçoivent leurs fonctions comme des opportunités d’enrichissement personnel, bien loin des aspirations du peuple haïtien.
L’assassinat comme outil de maintien au pouvoir
Pour maintenir leur emprise, ces corrompus n’hésitent pas à recourir à la violence. Des rumeurs d’assassinats orchestrés par des proches du pouvoir se multiplient, illustrant la brutalité d’un système prêt à tout pour protéger ses intérêts. L’impunité généralisée ne fait qu’aggraver ce climat de terreur, faisant de la corruption un crime contre la vie elle-même.
Un peuple sacrifié sur l’autel de l’impunité
La population haïtienne est la première victime de cette corruption systémique. Dans les camps de déplacés, où des milliers de familles survivent dans des conditions indignes, l’éventualité de la reconduction de figures comme Herwil Gaspard, accusé de détournement de fonds humanitaires, est vécue comme une trahison. Ces fonds, destinés à améliorer les conditions de vie des plus vulnérables, ont été détournés au profit d’une minorité déjà privilégiée, aggravant le sentiment d’abandon et d’injustice au sein de la population.
La colère gronde parmi les déplacés. « Ces hommes volent nos vies et celles de nos enfants », déclare une mère vivant dans un camp. Ces mots traduisent le désespoir d’un peuple abandonné, sacrifié par ceux qui devraient le protéger.
La communauté internationale doit agir pour sauver la transition
Dans ce contexte, la communauté internationale a un rôle crucial à jouer. Les pressions informelles ne suffisent plus : les partenaires internationaux, en particulier les États-Unis, doivent exiger publiquement et officiellement le retrait immédiat des trois conseillers accusés. Leur maintien au pouvoir bloque non seulement la transition politique, mais détruit également tout espoir de réformes structurelles.
L’aide internationale doit être conditionnée à des actions concrètes, notamment la nomination de responsables compétents et indépendants à la tête des institutions de lutte contre la corruption. Sans une intervention ferme, cette union des corrompus continuera de manipuler le système, au détriment de tout effort pour stabiliser Haïti.
Un appel urgent à briser le cycle
Haïti est à un point de rupture. Deux groupes représentent une menace majeure pour l’avenir du pays : la coalition des gangs baptisée “Viv Ansanm” et le Conseil présidentiel composé de neuf membres. Ensemble, ces deux entités forment une alliance familiale et clientéliste, déterminée à poursuivre la destruction d’Haïti. Si cette coalition de corrompus n’est pas démantelée, elle continuera de paralyser les institutions, de priver le peuple de ses droits fondamentaux et d’aggraver la crise humanitaire qui frappe déjà le pays.
Pour éviter cet effondrement, il est impératif que :
- Les conseillers impliqués dans des scandales de corruption soient immédiatement exclus, traduits en justice, jugés et, le cas échéant, condamnés
- Les institutions judiciaires et anticorruption soient renforcées avec des nominations indépendantes.
- Les gangs liés aux élites corrompues soient désarmés.
Haïti ne peut plus se permettre de rester prisonnière d’un système gangrené. La révocation de Conille a marqué un tournant qui prouve que ces membres du CPT ne cherchent qu’à exploiter le pays. Il est temps pour les citoyens, la diaspora, la société civile et la communauté internationale de s’unir pour briser ce cycle de corruption. La survie même de la nation en dépend. Une action ferme et immédiate est désormais indispensable.
Rédaction : Zantray News