À l’Hôtel Montana, ce mardi 2 décembre 2025, le Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) s’est offert une nouvelle vitrine publique en participant à une exposition organisée par l’UNICEF autour des droits de l’enfant. Un vernissage élégant, des œuvres d’enfants exposées, 58 jeunes talents mis en avant… mais toujours le même contraste saisissant : plus l’événement est soigné, plus il met en lumière l’incapacité persistante de l’État à protéger ces mêmes enfants dans la vie réelle.
Dans son intervention, le Ministre Georges Wilbert FRANCK a présenté un discours chargé de bonnes intentions. Il a rappelé que trop d’enfants haïtiens sont privés d’éducation, de loisirs, enrôlés dans des bandes criminelles, exposés à la traite, à l’exploitation ou encore aux pires formes de travail. Un constat dramatique que le MAST ressasse depuis des années, sans que les résultats ne suivent. Affirmer qu’« l’avenir doit être garanti » lorsqu’on est précisément l’institution censée le garantir relève presque de l’autocritique involontaire.
Le Ministre a mis en avant la Politique Nationale de Promotion et de Protection Sociale, décrite comme l’axe prioritaire de son administration. Pourtant, la principale mesure mentionnée, l’instauration d’un Comité Ad Hoc pour appuyer la création de centres d’accueil et de maisons de rééducation, sonne étrangement comme une réponse strictement administrative à une crise humanitaire profonde. Ce « dispositif tripolaire », confié à l’IBESR, apparaît davantage comme un concept technique soigneusement formulé que comme une initiative réellement opérationnelle susceptible d’améliorer la vie des enfants exposés à la violence ou en conflit avec la loi.
Au-delà des mots, c’est surtout la mise en scène qui retient l’attention : le Ministre remercie l’UNICEF pour son soutien technique et financier, réaffirme la volonté du Conseil Présidentiel de Transition et du Premier Ministre Alix Didier FILS-AIMÉ, et appelle les partenaires à « continuer à collaborer ». Une rhétorique bien rodée qui souligne paradoxalement la dépendance structurelle de l’État à l’aide internationale pour accomplir l’essentiel : protéger ses enfants.
La présence de ministres, de diplomates, de responsables de l’UNICEF, de représentants des Nations Unies et d’acteurs de la société civile n’a fait qu’ajouter un vernis protocolaire à une réalité inchangée. Les autorités multiplient les déclarations, inaugurent des vernissages, récoltent des applaudissements… mais les enfants haïtiens, eux, continuent de vivre dans des conditions que le Ministre lui-même qualifie de dramatiques.
Au final, cette activité relayée par le Bureau de Communication du Ministre ressemble davantage à une opération de relations publiques qu’à une avancée réelle. Tant que les annonces resteront confinées à des cérémonies et des discours, les droits de l’enfant resteront, encore et toujours, un thème d’exposition plutôt qu’une priorité nationale concrète.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com