Dans un communiqué triomphaliste publié par le Ministère des Affaires étrangères, les autorités semblent une nouvelle fois préférer les déclarations d’autosatisfaction aux réalités du terrain. À l’occasion de la 46ᵉ Conférence ministérielle de la Francophonie, le ministre Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste a vanté, lors d’une rencontre avec la Secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, de prétendus « progrès notables » réalisés par les forces de sécurité nationales.
Le texte, soigneusement calibré, évoque des « conditions favorables » pour des élections crédibles et un « rétablissement progressif » de la normalité institutionnelle. Pourtant, aucune preuve concrète n’y est apportée. Le communiqué se limite à des formulations vagues, laissant planer le doute sur la réalité de ces progrès que personne, à part le Ministère lui-même, ne semble en mesure de constater.
Le Chancelier insiste également sur « l’urgence » du déploiement de la Force de Répression des Gangs. Cette urgence devient presqu’un leitmotiv diplomatique, répétée de conférence en conférence, sans que le communiqué n’indique la moindre avancée effective — si ce n’est un nouvel appel au « soutien accru » des partenaires de l’OIF, appuyé sur la Résolution 2597 (2025).
Autrement dit : encore une demande d’aide, encore un appel extérieur pour pallier des faiblesses que le texte tente pourtant de présenter comme des succès.
De son côté, la Secrétaire générale de l’OIF « réaffirme » la disponibilité de son organisation à accompagner Haïti. Une réaffirmation qui sonne comme un refrain, répété depuis des années : mobilisation d’équipements, renforcement des capacités opérationnelles des FAd’H et de la PNH, lutte contre les groupes armés… Toujours les mêmes engagements, toujours formulés au conditionnel, et toujours sans indication claire d’un résultat tangible.
Au final, ce communiqué semble surtout destiné à donner l’illusion d’un État maître de sa trajectoire, alors même que chaque ligne révèle une dépendance persistante envers l’aide internationale. Entre autosatisfaction diplomatique et demandes pressantes de soutien, il laisse l’impression d’un discours officiel déconnecté, cherchant à transformer des appels à l’aide en preuves de leadership.
Un exercice de communication bien huilé, mais qui, à force de répétitions creuses, finit par sonner creux.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com