La diplomatie haïtienne traverse une nouvelle secousse. Myrtha Désulmé, jusque-là Représentante permanente d’Haïti auprès de l’Organisation des États Américains (OEA), a été rappelée de manière définitive par le Ministère des Affaires étrangères (#MAE). Une décision qui soulève des interrogations, tant sur les raisons profondes de ce rappel que sur les perspectives d’Haïti dans une organisation régionale où le pays peine depuis longtemps à défendre efficacement ses intérêts.
En attendant la nomination d’un nouveau représentant, c’est Jean Josué Pierre Dahomey qui assure l’intérim. Considéré comme la « carte stratégique » de l’influent conseiller Smith Augustin, il bénéficie d’une solide expérience et d’un parcours académique notable. Intellectuel reconnu, il a indéniablement le profil pour occuper ce poste stratégique. Mais plusieurs observateurs s’interrogent : cette compétence affichée suffira-t-elle à repositionner Haïti dans un espace diplomatique où les rapports de force deviennent chaque jour plus complexes ?
Une fonction stratégique mais fragile
Le poste de Représentant permanent à l’OEA dépasse largement la simple fonction protocolaire. Il constitue l’une des rares tribunes où Haïti peut encore faire entendre sa voix sur des questions majeures : gouvernance, démocratie, sécurité régionale, coopération économique et droits humains. Or, ces dernières années, la présence haïtienne à l’OEA a été marquée par des prises de position hésitantes, des stratégies floues et une faiblesse institutionnelle qui ont nui à la défense des intérêts nationaux.
Dans ce contexte, la transition entre Mme Désulmé et M. Jean Josué Pierre Dahomey ne saurait se réduire à une formalité administrative. Elle engage directement l’image du pays et sa capacité à peser dans les débats diplomatiques qui conditionnent son avenir.
Les interrogations autour de Jean Josué Pierre Dahomey
Si ses compétences sont saluées, l’arrivée de Jean Josué Pierre Dahomey à l’OEA ne dissipe pas toutes les inquiétudes. Certains s’interrogent sur son rôle dans le rappel de Mme Désulmé : simple coïncidence ou influence exercée dans l’ombre auprès de son ami, ministre dont beaucoup estiment qu’il est l’un des plus faibles que le MAE ait jamais connus ? La question reste ouverte. Mais au-delà des spéculations, c’est surtout sa capacité à conjuguer rigueur intellectuelle, habileté politique et respect de la parole donnée qui sera déterminante.
Défendre Haïti à l’OEA ne se limite pas à des déclarations de principe. Cela exige une stratégie cohérente, des alliances solides et une crédibilité constante auprès des partenaires régionaux. Or, c’est précisément sur ces points que les doutes persistent. Décrit par certains comme la « carte maîtresse de Smith Augustin », Jean Josué Pierre Dahomey devra convaincre qu’il peut non seulement incarner une voix forte et respectée pour Haïti, mais aussi tisser des relations diplomatiques et politiques stables, crédibles et réellement utiles dans un contexte international particulièrement exigeant.
Une diplomatie en quête de repères
Ce changement intervient dans un moment critique : Haïti traverse une crise politique, sociale et sécuritaire sans précédent. L’État peine à projeter une image cohérente de sa politique étrangère, ballotté entre urgences internes et pressions internationales. Le rappel de Myrtha Désulmé, décidé sans explications officielles détaillées, illustre une fois de plus cette fragilité et cette instabilité.
Le défi est immense : redonner à Haïti une voix audible et respectée dans les enceintes régionales, alors même que le pays vit l’une des périodes les plus sombres de son histoire contemporaine.
Au final, c’est encore Haïti qui risque de s’effondrer : entre jeux de pouvoir internes et illusions diplomatiques, la voix nationale pourrait se perdre dans le brouhaha interaméricain.
Rédaction : Zantray News Haïti
