Diplomatie haïtienne : Fritz Jean dénonce un vaste braquage d’état

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La diplomatie haïtienne n’est plus qu’une carcasse vide, transformée en cimetière d’ambitions politiques et en théâtre de l’absurde. Et ce n’est pas une critique venue de l’opposition, mais le propre coordonnateur du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, qui l’affirme, dans un entretien accordé au journal Le Nouvelliste. Ce qu’il dénonce n’est rien de moins qu’un pillage organisé, une humiliation nationale.

Il tire à boulets rouges sur le ministère des Affaires étrangères, qu’il accuse d’avoir procédé à des nominations massives, partisanes, irrationnelles et déshonorantes pour l’État haïtien. « Ils ont nommé des centaines de personnes sans qualification dans la diplomatie. C’est une honte devant la communauté internationale », lance-t-il, visiblement indigné.

Certaines ambassades croulent sous le nombre. Là où 10 ou 15 employés suffiraient, on en trouve plus de 50, contraints à se relayer pour pouvoir travailler, dormir ou même respirer. « J’ai dit non. Le ministre a fait comme bon lui semble. On ne peut pas continuer à répéter les mêmes bêtises qui ont ruiné le pays », fulmine Fritz Jean.

Mais derrière le chaos, un système occulte semble s’être installé. L’entretien révèle que plusieurs de ces affectations diplomatiques viennent de l’intérieur du CPT lui-même. Notamment du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, de Gérald Giles, mais surtout de Smith Augustin, que Fritz Jean ne nomme pas mais que les faits accablent.

Et les murmures dans les couloirs de la République deviennent de plus en plus insistants : si Smith Augustin donne raison à l’effondrement de la diplomatie en plaçant sa femme, sa maîtresse et ses concubines dans des postes officiels, alors il ne fait aucun doute qu’il incarne le roi Salomon du CPT, distribuant les postes comme d’autres distribuent des faveurs, au nom d’un pouvoir corrompu et patriarcal.

Mais ce n’est que la face visible d’un scandale beaucoup plus grave. Des sources diplomatiques dénoncent un véritable braquage en bande organisée : certains postes seraient vendus à prix fort, avec en contrepartie un partage des salaires et des rétrocommissions sur les frais de service consulaires et de délivrance de passeports. Une diplomatie devenue tiroir-caisse.

Pendant que le pays s’enfonce, que les jeunes fuient, que l’insécurité paralyse tout espoir, des hommes et des femmes censés nous représenter à l’étranger ne sont là que pour encaisser, détourner, et enrichir leurs clans. La République est prise en otage par ses propres dirigeants.

Fritz Jean révèle également avoir demandé la liste complète des nominations diplomatiques. Ce qu’il y a découvert confirme l’ampleur du désastre : des affectations sans critères, sans évaluation, sans respect du service public. Une véritable opération de remplissage.

Et pendant que l’incendie consume le peu qu’il restait d’éthique dans les affaires étrangères, le ministre Harvel Jean-Baptiste garde le silence, refusant de répondre aux sollicitations de la presse, se retranchant dans un mutisme qui vaut aveu.

Fritz Alphonse Jean, dépassé, a pris une décision radicale : il refuse désormais de convoquer les Conseils des ministres. En d’autres termes, c’est un chef de transition qui claque la porte en pleine transition, dans une République à la dérive.

Et pendant que les postes sont vendus, les ambassades squattées, les services rançonnés, ce sont les Haïtiens ordinaires qui paient la note : délais interminables, traitement inhumain dans les consulats, image désastreuse du pays à l’étranger.

Haïti ne souffre pas d’un manque de ressources. Elle souffre d’un excès de voleurs.

Rédaction: Zantray News

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