Une fois de plus, Haïti s’est présentée à la tribune des Nations Unies avec des discours pleins d’espoir, mais des résultats dérisoires. Cette 80ᵉ Session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, censée marquer un tournant pour la diplomatie haïtienne, n’aura été qu’un nouvel exercice de rhétorique dans un contexte où le pays s’enfonce chaque jour davantage dans la crise.
Sous la houlette du Président du Conseil Présidentiel de Transition, Laurent Saint-Cyr, et du Ministre des Affaires étrangères, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, la délégation haïtienne a multiplié les appels à la communauté internationale. Sécurité, aide humanitaire, retour à l’ordre constitutionnel — les mots étaient bien choisis, mais le ton, convenu. Rien dans cette participation ne laisse entrevoir une stratégie diplomatique claire ni une capacité réelle à transformer ces plaidoyers en actions concrètes.
L’édition spéciale du Courrier Diplomatique, publiée cette semaine, tente de dresser le portrait d’une diplomatie « active et mobilisée ». En réalité, elle illustre surtout une scène diplomatique où Haïti supplie plus qu’elle ne négocie, où la recherche de soutien devient une quête désespérée plutôt qu’un exercice d’influence. Pendant que le ministre enchaînait les réunions bilatérales et co-présidait la rencontre du Groupe consultatif de l’ECOSOC sur Haïti, le pays, lui, demeurait sans cap, sans sécurité et sans institutions fonctionnelles.
Le Ministère des Affaires étrangères affirme « défendre la voix et les intérêts d’Haïti sur la scène internationale ». Mais quelle voix, et quels intérêts ? Sans stabilité politique, sans légitimité démocratique et sans cohérence diplomatique, cette posture ressemble davantage à une mise en scène qu’à une réelle défense nationale.
Au final, cette présence haïtienne à l’ONU, sous couvert de diplomatie dynamique, révèle surtout la faillite d’un État qui cherche à l’extérieur les solutions que lui seul doit construire à l’intérieur. Une diplomatie qui parle haut à New York, mais reste muette face aux cris de son propre peuple.
Mozard Lombard,
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