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La situation politique en Haïti continue de se détériorer, avec des tensions croissantes entre le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le gouvernement du Premier ministre Gary Conille. Au cœur de cette crise, le président du CPT, Lesly Voltaire, a spécifié une lettre au Premier ministre et à son équipe, exposant l’ordre du jour du prochain Conseil des Ministres, prévu pour le mercredi 16 octobre 2024.
Dans cette correspondance, Voltaire présente plusieurs projets de décret qui seront discutés lors de la réunion. Ces textes, au caractère stratégique, suscitent déjà des inquiétudes dans certains milieux politiques et au sein de la société civile.
Un agenda suspect et des ambitions dissimulées ?
Les trois projets de décret inscrits à l’ordre du jour sont les suivants :
- Création de l’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG) : Ce décret vise à organiser et réguler le fonctionnement de cet organe, dont la mission serait de surveiller les actions du gouvernement. Certains craignent que cet organe devienne un instrument de pouvoir pour le CPT, servant à affaiblir les contre-pouvoirs existants.
- Création du Conseil National de Sécurité (CNS) : Ce texte propose de définir la nature, le rôle, la composition et le fonctionnement de cette nouvelle instance, dédiée à la sécurité nationale. Le CNS pourrait renforcer les prérogatives du CPT dans le domaine de la sécurité, au détriment de la gouvernance actuelle.
- Création du Fonds de Soutien à la Sécurité Nationale (FSSN) : Ce fonds aurait pour vocation de financer des initiatives de sécurité nationale, mais des critiques redoutent que ces ressources soient détournées ou utilisées à des fins de contrôle politique par les membres du CPT.
L’ordre du jour proposé pour la réunion du Conseil des Ministres soulève des soupçons quant aux véritables intentions du CPT. Certains observateurs estiment que la création de l’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG) et du Conseil National de Sécurité (CNS) pourrait être un moyen pour le CPT de renforcer son pouvoir. Selon ces critiques, l’objectif serait de prendre le contrôle de l’OCAG tout en affaiblissant le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN).
Un silence inquiétant sur la crise migratoire
Cependant, ce qui choque et indigne bon nombre d’observateurs est l’absence totale de mention, dans cet agenda, de la crise migratoire qui frappe Haïti. Plus de 11 000 Haïtiens sont expulsés chaque semaine de la République dominicaine, une crise humanitaire majeure qui pèse lourdement sur le pays. Ce silence est perçu par certains comme une preuve flagrante de l’indifférence de Lesly Voltaire et des autres Conseillés face aux préoccupations des citoyens.
Des rumeurs circulent selon lesquelles Voltaire et Smith Augustin, un autre membre du CPT impliqué dans un scandale de corruption, possédaient des biens immobiliers en République dominicaine. Cela alimente les spéculations sur leurs liens avec le président dominicain Luis Abinader et suscite des questions sur leur loyauté envers Haïti. Certains accusent même ces responsables de servir des intérêts étrangers, alimentant les soupçons de trahison.
Corruption et détournements : des accusations graves contre le CPT
Par ailleurs, la réputation du CPT est déjà ternie par des accusations de corruption. Selon un rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), trois membres du Conseil sont impliqués dans un scandale de demande de pot de vin liés à la Banque Nationale de Crédit (BNC). Ces conseillers auraient siphonné des sommes importantes destinées au renseignement. Le rapport de l’ULCC appelle à des poursuites pénales contre les Conseillés Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire.
Ces révélations renforcent la méfiance à l’égard du CPT, accusé de saper la confiance du peuple haïtien en ses institutions à un moment où le pays traverse une crise de gouvernance majeure.
Rédaction Zantray News