Le ministère haïtien des Affaires étrangères a publié un nouveau communiqué fortement emphatique au sujet d’une rencontre entre le chancelier Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste et son homologue rwandais, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe. Une lecture attentive met cependant en lumière un texte qui ressemble davantage à une tentative de mise en scène diplomatique qu’à la présentation d’avancées concrètes.
Dès les premières lignes, le document affirme que la réunion, tenue en marge de la 46ᵉ Conférence ministérielle de la Francophonie, aurait été “particulièrement constructive”. Pourtant, cette prétendue constructivité repose exclusivement sur une succession de formules vagues : “efforts de rétablissement de la sécurité”, “stabilité institutionnelle”, “environnement favorable aux élections”. Des notions ambitieuses, certes, mais dénuées de toute indication de mécanismes, de mesures, ou même de pistes de réflexion réelles. Tout se réduit à un exercice de rhétorique.
Le communiqué évoque également des “consultations bilatérales et politiques” sur la possibilité que des forces rwandaises viennent appuyer les autorités haïtiennes. Mais aucune précision n’est donnée sur la nature, l’ampleur, la durée ou les conditions de ce soutien. On ne sait pas si cette option a réellement été envisagée sérieusement, discutée en profondeur ou simplement évoquée de manière générale pour donner l’impression d’un partenariat concret. L’allusion à la Résolution 2793 du Conseil de sécurité sert surtout de caution institutionnelle, sans que l’on comprenne si Haïti ou le Rwanda ont pris le moindre engagement.
Le texte va même jusqu’à suggérer l’ouverture d’une mission diplomatique haïtienne à Kigali, ainsi que l’envoi d’une mission rwandaise de prospection à Port-au-Prince. Là encore, le communiqué ne précise ni calendrier, ni modalités, ni même l’intention réelle des deux capitales. Le tout semble n’être qu’une hypothèse parmi d’autres, présentée comme une perspective stratégique alors qu’il ne s’agit visiblement que d’une idée en suspension.
Au final, le ministère conclut en promettant, comme à son habitude, de “consolider les partenariats stratégiques” du pays et d’appuyer les “efforts nationaux de stabilisation”. Des engagements répétés si souvent dans les communiqués officiels qu’ils en deviennent presque dénués de sens, surtout en l’absence de résultats concrets, mesurables ou vérifiables.
Ce communiqué, saturé de formulations générales, laisse surtout transparaître une diplomatie qui accumule les déclarations pompeuses au lieu de produire des avancées tangibles. Une habitude qui affaiblit chaque fois un peu plus la crédibilité institutionnelle qu’elle prétend renforcer.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com