Le dernier communiqué de la Primature annonce solennellement que le Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé préside actuellement un Conseil de Gouvernement, présenté comme une « séance de travail de haut niveau ». À l’ordre du jour : la mise en œuvre du Programme d’Investissement Public (PIP) pour l’exercice 2025–2026, la sécurité publique et les futures élections. Trois chantiers cruciaux pour un pays en crise. Pourtant, malgré l’apparente gravité des sujets abordés, le communiqué sonne comme un énième exercice d’autosatisfaction gouvernementale, plus rhétorique que concrèt.
Une grande messe technocratique sans résultats tangibles
Parler d’un « pilier central » en évoquant le PIP laisse entendre une stratégie solide. Mais où sont les détails ? Aucun chiffre, aucun calendrier, aucun projet identifié. Quelle part du budget national y sera consacrée ? Quels secteurs seront prioritaires ? Que retiendra la population au-delà de cette déclaration vague ?
Le flou persiste aussi autour de la sécurité, un enjeu brûlant. Le gouvernement affirme examiner des mesures « prioritaires », sans dire lesquelles. Pendant ce temps, sur le terrain, l’insécurité continue de miner les libertés, l’activité économique, et la vie quotidienne de millions de citoyens. Ces promesses de « lutte renforcée » résonnent douloureusement dans un pays où les actes peinent à suivre les paroles.
Des élections encore sans calendrier clair
L’annonce d’un volet consacré à « l’organisation des prochaines élections » pourrait rassurer, si ce n’était un refrain déjà entendu. Depuis plusieurs années, les autorités promettent un retour à la normalité constitutionnelle. Or, à ce jour, aucune date, aucun organe électoral crédible, ni aucun cadre institutionnel clair ne sont réellement en place. Le processus électoral reste enlisé, et les institutions démocratiques, affaiblies.
Des mots creux pour une gouvernance invisible ?
Les formules convenues ne manquent pas : « efficacité », « rigueur », « responsabilité », « transparence », « concertation », « État de droit ». Mais au-delà du lexique managérial et des engagements généraux, l’absence de décisions précises et de preuves concrètes d’avancées interpelle. À défaut de gouverner, le pouvoir communique. Pendant ce temps, la population attend des résultats, pas des formules.
Ce Conseil de Gouvernement, présenté comme stratégique, laisse un goût d’occasion manquée. Il donne l’image d’un exécutif enfermé dans ses réunions et ses communiqués, loin des urgences du quotidien. L’efficacité ne se décrète pas, elle se mesure. Et pour l’instant, les promesses officielles ne suffisent plus à masquer le manque de réponses claires aux crises multiples que traverse le pays.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com