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Port-au-Prince, 2 mai 2025
Dans un geste présenté comme une rupture symbolique, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a annoncé la dissolution de la Commission Nationale de Désarmement, de Démantèlement et de Réinsertion (CNDDR). Mais cette décision, prise sur fond de pressions sociales et de scandales à répétition, met davantage en lumière l’échec d’un dispositif décrédibilisé… et l’hypocrisie d’un pouvoir corrompu et de plus en plus décrié.
La CNDDR, censée contribuer à la paix et à la sécurité, s’est enlisée dans le soupçon, ternie par des accusations de collusion avec des groupes armés et par des nominations opaques comme celle de Jean-Rebel Dorcénat, soupçonné de liens directs avec le gang « Viv Ansanm ». Pourtant, cette même structure a été soutenue, tolérée, financée par un CPT qui tente aujourd’hui de faire croire à une prise de conscience tardive.
Dissolution ou diversion politique ?
En réalité, cette dissolution ressemble à une opération de façade. Le CPT, confronté à une contestation grandissante, cherche à détourner l’attention de sa propre impopularité. Car ce pouvoir dit “de transition” est aujourd’hui identifié par une grande majorité de citoyens comme un système opaque, corrompu et déconnecté des réalités du pays.
En renvoyant la CNDDR aux oubliettes, le CPT tente de se poser en arbitre moral alors qu’il est lui-même profondément contesté. Il espère peut-être effacer les complicités passées en sacrifiant un organe devenu trop gênant, trop exposé. Une stratégie classique, mais peu crédible.
Une structure à repenser… ou à rejouer ?
Le Conseil promet de créer une nouvelle structure « indépendante, transparente et efficace ». Mais ces mots résonnent creux dans un pays où les institutions sont instrumentalisées, où la transparence est un mirage, et où les mêmes visages tournent dans les mêmes cercles de pouvoir.
« Il est impératif que toute structure chargée de la sécurité publique soit irréprochable », a osé déclarer Fritz Alphonse Jean, président du CPT. Or, peut-on vraiment parler d’irréprochabilité quand la base même du pouvoir est rongée par les intérêts, les arrangements entre clans et la perte totale de crédibilité ?
Une confiance brisée
La dissolution de la CNDDR intervient dans un contexte de violence généralisée : Port-au-Prince est prise en otage, les gangs dictent leur loi, et l’État, malgré ses postures, reste largement absent. Les citoyens n’attendent plus de communiqués, mais des actes forts, décisifs. Or, le CPT semble incapable de produire autre chose que des simulacres d’actions.
Un pouvoir de plus en plus isolé
À travers cette opération, le CPT ne fait que confirmer ce que beaucoup soupçonnaient déjà : il ne contrôle plus grand-chose, ni le territoire, ni les esprits. Il gouverne sous la pression, réagit plus qu’il n’anticipe, et cherche à gagner du temps face à un effondrement annoncé.
Conclusion : le vernis craque
Le démantèlement de la CNDDR est loin d’être une victoire. C’est l’aveu d’un double échec : celui d’une structure totalement discréditée, et celui d’un pouvoir de transition corrompu, discrédité, en perte de légitimité. Il ne suffit pas de supprimer pour reconstruire. Il faut avoir la volonté d’assainir, de rendre des comptes, et de rompre réellement avec la culture de l’impunité.
Pour l’instant, ce n’est pas le chemin que prend le CPT. Et la population, elle, regarde… et attend.
Rédaction : Zantray News